Comme les fonctionnaires et les enseignants, ces paramédicaux veulent se faire entendre sur la question des salaires et des statuts particuliers. Les paramédicaux entament aujourd'hui un débrayage de deux jours. Encore une autre grève qui émaille ce mois de février à la température incertaine. Une grève que les pouvoirs publics n'ont pas pu éviter ainsi que d'autres annoncées en perspective. Les enseignants s'apprêtent de leur côté à aborder une nouvelle grève en pleine célébration du très symbolique 24 Février. Ces derniers ne sont pas à leur premier débrayage. Ces dernières années, les enseignants ont marqué le secteur par des journées sèches avec les mêmes revendications que le gouvernement déclare sa disposition à leur trouver des solutions, mais, constate-t-on, avec sa légendaire lenteur traînant, avec sa stratégie du pourrissement, poussant les contestataires à la radicalisation. C'est le cas des enseignants qui, au lieu de se retrouver en face de Belkhadem qui a déclaré sa disponibilité au dialogue, se retournent vers l'action ; trois jours de grève dans un trimestre qui ne l'est désormais plus en termes de cours dispensés. Quelques jours avant, l'Intersyndicale a fait une démonstration de ses capacités de mobilisation, de geler toutes les activités et donner un signe de représentativité. Pourtant, les pouvoirs publics s'appuieront sur l'indéfectible oui de l'UGTA et continueront d'ignorer la grogne, de faire la sourde oreille devant un front social au bord de l'explosion. Le malaise est latent, sans que soient prises des mesures, notamment l'augmentation des salaires — un ajustement, à vrai dire, des salaires d'une classe moyenne laminée — que les réserves de change peuvent soutenir. Tous les syndicats autonomes réclament une place à la table des négociations, leur participation à l'élaboration de la politique des salaires, en vain. Le gouvernement continuera pourtant à signer des accords salariaux avec l'UGTA qui n'est pas représentée dans tous les secteurs, elle qui a délaissé le terrain conquis alors par les syndicats autonomes. Elle parlera au nom de tous les travailleurs avec l'approbation des pouvoirs publics. La même attitude a été adoptée dans le dossier des statuts particuliers, avec un excès pour l'UGTA qui s'en est emparée pour en faire un butin de combat syndical qu'elle n'a jamais mené. Elle s'empressera d'appuyer les garanties du gouvernement d'achever l'opération d'élaboration (unilatérale) des statuts particuliers et d'annoncer le début du versement des nouveaux salaires, contestés par les syndicats autonomes, à partir du mois de février avec effet rétroactif. Il n'en fut rien. Cela d'autant que les statuts particuliers traînent et tardent à se concrétiser. Comme si rien n'est fait pour débloquer la situation. D'où le coup de gueule de Belkhadem contre le retard enregistré par les statuts particuliers annoncés pourtant en grande pompe. Retard qui renforce la raison des contestataires qui, non seulement refusent leur marginalisation et leur exclusion de tout processus décisionnel négocié qui les concerne, mais aussi la conviction que tout se fait sans et contre eux. Et alors que le gouvernement continue de naviguer dans le flou et de tourner le dos aux syndicats représentatifs, ces derniers n'ont plus le choix de se faire entendre que de recourir à d'ultimes actions de protestation : les grèves à répétition et faire de février un mois à blanc. Djilali B.