Le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) emboîte le pas à l'intersyndicale autonome de la Fonction publique en initiant une grève de trois jours à compter d'aujourd'hui. Les 92 000 paramédicaux que compte le pays, soit 50% des effectifs de la santé, revendiquent l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles et des salaires décents. Le front social est en effervescence. Depuis le début de l'année 2008, la contestation est montée d'un cran. Le malaise est profond et touche l'ensemble des secteurs moteurs de la société. Aujourd'hui, le corps des paramédicaux emboîte le pas à l'intersyndicale autonome de la Fonction publique. Une organisation regroupant huit syndicats autonomes et qui a su focaliser l'attention sur elle à travers un débrayage de trois jours observé la semaine dernière. Auparavant, la coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, formée de douze syndicats autonomes, a pu, via une action de protestation, paralyser, l'espace d'un jour, les secteurs de l'éducation, de l'enseignement supérieur, de l'administration publique, de la santé... Cette même coordination envisage, à partir du 24 février, de reconduire la protesta et de frapper fort pendant trois jours pour éventuellement se faire entendre en haut lieu. Entre ces deux mouvements antérieur et postérieur vient se greffer la grève des paramédicaux.Tous, ils revendiquent un salaire décent, leur permettant de faire leurs adieux à la précarité et un statut digne de leur profession. Les paramédicaux, ce corps délaissé, vivent un problème profond. Ils sont 92 000 à l'échelle nationale, soit 50% des effectifs de la santé qui souffrent d'abord d'un problème de reconnaissance. Leur salaire est très dérisoire, le débutant touche à peine 10 000 DA et ceux ayant une expérience de 20 ans arrivent à 22 000 DA. Ils avouent être victimes d'une politique qui les a relégués au second plan. Le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), initiateur du mouvement de débrayage de trois jours, tire la sonnette d'alarme. Agréé en 2004, ce syndicat tente par tous les voies et moyens de défendre son créneau. De l'avis de M. Ghachi, président du PAS, il est quasiment impossible à un paramédical de prendre en charge vingt malades alors que la norme internationale stipule que pour trois malades il faut un infirmier. « En Algérie, l'infirmier est livré à lui-même. On lui demande de prendre en charge 20 malades et on lui donne un salaire d'un peu plus de 10 000 DA. Ces 20 malades ont besoin de soins, parfois intensifs. Sur le plan psychologique, cela se répercute négativement sur le moral de ces infirmiers qui inévitablement ne peuvent être à la hauteur de leur mission », a soutenu M. Ghachi qui estime qu'il existe un déficit énorme en la matière. « Le recrutement de paramédicaux s'impose, mais l'amélioration des conditions socioprofessionnelles de ces infirmiers est plus que nécessaire. Les pouvoirs publics doivent être à leur écoute s'ils veulent la qualité des soins et s'ils veulent mettre fin aux plaintes des citoyens qui sont toutes légitimes », a indiqué notre interlocuteur qui justifie les critiques des citoyens à l'égards des paramédicaux par toutes ces insuffisances et par la dévalorisation de la profession. A travers ce débrayage de trois jours, le SAP voudrait amener les pouvoirs publics à la révision de leur stratégie envers la corporation qui rejette dans le fond et dans la forme le statut provisoire dont ils ont été destinataires. « Le ministre du Travail a clairement déclaré qu'il n'y aura aucune augmentation avant la finalisation des statuts particuliers. Nous voulons l'application de cette devise sur le terrain, mais nous nous interrogeons sur l'arrière politique d'une telle démarche. Pourquoi un statut provisoire pour les paramédicaux ? Pourquoi cette célérité dans son application ? », s'est interrogé M. Ghachi qui dénonce le recours à cette pratique et menace d'aller vers une grève illimitée si le statut en question est maintenu. Le syndicat revendique, en outre, la mise en place du système LMD pour leur permettre d'évoluer dans leur carrière et gravir des échelons. « Nous voulons un statut qui nous renforce et non qui nous dévalorise et un salaire décent nous permettant de subvenir à nos besoins les plus élémentaires », a souligné notre interlocuteur. Par ailleurs, le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) apporte son soutien au SAP tout en étant convaincu de la légitimité des revendications du SAP et de l'ensemble des professionnels de la santé ainsi que celles de tous les syndicats autonomes et interpelle, à cet effet, les pouvoirs publics pour un dialogue franc et sincère avec les véritables représentants des travailleurs.