Le syndicat des paramédicaux continue de revendiquer l'ouverture d'un dialogue avec la tutelle afin de trouver une issue à la contestation. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a adressé une correspondance à tous les services des établissements sanitaires, leur annonçant que “le mouvement de débrayage est illégal” et ordonne ainsi l'arrêt de la grève des paramédicaux. Comme à son accoutumée, le département d'Amar Tou rejette en bloc les revendications des paramédicaux, tout en recourant à la manière forte. Il s'est également lancé dans une guerre des chiffres en “minimisant” l'ampleur du mouvement, déclarant que “les données recueillies auprès de l'ensemble des établissements de santé, à travers le territoire national, indiquent que la quasi-totalité des paramédicaux du secteur public n'ont pas suivi le mouvement de grève et que le taux de participation est de 7% au niveau national”. Des déclarations en contradiction avec la réalité du terrain puisque d'autres personnes ont rejoint, hier, le mouvement de grève. De l'hôpital Mustapha-Pacha en passant par ceux de Beni-Messous, Drid-Hocine jusqu'au CHU de Bab El-Oued, la grève des paramédicaux est perceptible. Des banderoles sont accrochées à l'entrée principale de ces établissements sanitaires reflétant les revendications des paramédicaux quant à leur statut particulier. “Cela relève maintenant de notre dignité. Il n'y a pas plus aveugle que celui qui veut voir que le taux de suivi de la contestation est de 7%”, s'indigne un infirmier. “Nous exigeons de la considération. Nous demandons un salaire décent”, réplique un autre. L'équipe soignante, faisant parti des 21 filières de la santé, semble être plus déterminée que jamais à maintenir la pression jusqu'à l'aboutissement de toutes les revendications, particulièrement l'introduction du nouveau système LMD dans la formation des paramédicaux. Hier encore, ils étaient nombreux à organiser des sit-in et des rassemblements dans les cours des hôpitaux. Tout le travail relevant du ressort des paramédicaux est suspendu. Seulement le service minimum est rigoureusement respecté. Ceux qui assurent les urgences n'ont pas omis d'afficher sur leur blouse un brassard annonçant leur adhésion au mouvement de contestation : “Nous sommes en grève mais nous travaillons.” “Rien n'empêchera notre grève. Nous avons mobilisé notre base autour de la plateforme de revendications et nous sommes désormais prêts à nous faire entendre”, déclare M. Gachi, SG du syndicat autonome. Interrogé sur un probable recours de la tutelle à la justice pour la suspension du mouvement de contestation, il signale que le SAP n'a rien reçu à ce jour et, de ce fait, le mot d'ordre reste maintenu. Selon lui, ce dernier a été très bien suivi pour cette deuxième journée du mouvement. Abordant la plateforme de revendications, il affirme que la base rejette catégoriquement la “translation transitoire” et appelle à l'ouverture de négociations entre la tutelle et les “vrais partenaires sociaux”, pour la révision du projet de statut particulier. Les grévistes accusent ouvertement la tutelle de tenter de “clochardiser” la profession en confectionnant un statut sur mesure “afin de favoriser l'ouverture des écoles privées de formation paramédicale”. Ils revendiquent cependant l'introduction du nouveau système LMD dans la formation des paramédicaux, qui devra être sanctionnée par une licence professionnelle reconnue par la Fonction publique. es grévistes dénoncent, par ailleurs, la “sourde oreille” du ministère de tutelle qui bloque le dialogue et qui n'a pris en considération aucune des propositions du syndicat autonome. La grève des paramédicaux s'achève aujourd'hui. Nabila Afroun