Le bilan de l'attentat suicide, le plus meurtrier de l'année au Pakistan, samedi à Parachinar, dans les zones tribales, s'est alourdi dimanche à 46 morts, à la veille d'élections législatives sous très haute tension. Un kamikaze au volant d'une voiture piégée a foncé sur un rassemblement devant la résidence d'un candidat du Parti du peuple pakistanais (PPP), le mouvement de l'ex-leader de l'opposition Benazir Bhutto, assassinée le 27 décembre en pleine campagne électorale dans un attentat suicide près d'Islamabad. À Parachinar, la situation était loin d'être maîtrisée à la veille des élections. Des échanges de coups de feu se poursuivaient dimanche dans la ville régulièrement secouée par des violences inter religieuses entre chiites (minoritaires au Pakistan) et sunnites et au sein de ces derniers entre radicaux et modérés. Pour prévenir tout nouvelle explosion de violences, des paramilitaires ont pris position à Parachinar sans pouvoir empêcher des partisans du PPP d'incendier des magasins et des bâtiments officiels. Le Pakistan a ainsi achevé sa campagne officielle pour les élections législatives et provinciales d'aujourd'hui, en pleine vague d'attentats attribués ou revendiqués par les islamistes proches d'Al Qaïda et des talibans, qui avaient déjà fait de 2007 l'année la plus meurtrière de l'histoire du Pakistan, avec plus de 800 morts. Depuis le début 2008, environ 150 personnes ont été tuées dans 18 attentats, la plupart visant des candidats ou des rassemblements dans le cadre de la campagne électorale. La peur que provoquent ces attaques, 90 personnes sont mortes au cours de la semaine écoulée, et le désintérêt manifeste des Pakistanais, laisse augurer un faible taux de participation dans les 64 000 bureaux de vote protégés par 81 000 soldats déployés en renforts. Plus de 80 millions de Pakistanais sont appelés à participer à un scrutin crucial pour la seule puissance nucléaire du monde musulman, en proie à une profonde crise politique. Nazi Sharif, un ex-Premier ministre et ennemi déclaré de Musharraf, a essayé de convaincre le veuf de Mme Bhutto, Zardari, qui dirige le PPP, sur un hypothétique partage du pouvoir en cas de victoire de l'opposition. Car si elle s'emparait des deux tiers du Parlement, Musharraf pourrait être éventuellement destitué. Mais, Zardari, qui dénonce par avance des élections truquées, n'a pas exclu un gouvernement de consensus national avec Musharraf. Mme Bhutto avait constitué de son vivant le joker des Américains. Le scrutin est d'autant plus important que cette République islamique de 160 millions d'habitants est sous haute surveillance de la communauté internationale. Les Etats-Unis, qui ont fait de Musharraf leur allié-clé dans leur guerre contre le terrorisme, jugent que les islamistes menacent un Etat essentiel pour la stabilité de la région et qu'Al Qaïda et les talibans ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales D.B