La question du Sahara occidental, “la dernière colonie d'Afrique”, a fait l'objet lundi soir d'un débat organisé par de nombreuses ONG françaises, dans le cadre de la semaine anticoloniale. La question sahraouie, présentée comme “un cas de colonisation de peuplement”, a été au centre d'un débat sur le thème “Sahara occidental : À quand la décolonisation marocaine ?” animé à Bagnolet, en région parisienne, par l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (Afaspa), soutenue par plusieurs autres ONG françaises et un parti marocain, “la Voie démocratique”. La représentante de l'Afaspa a retracé les différents épisodes de la résistance sahraouie, depuis l'occupation espagnole en 1884 à l'annexion par le Maroc en 1975. “Il s'agit bien d'un cas de colonisation de peuplement”, en a-t-elle déduit, citant les cas de l'occupation d'El-Ayoune et de Dakhla par une “population marocaine pauvre à qui l'on a fait miroiter l'idée d'un Eldorado”. Pour elle, le problème est que le Maroc rejette l'alternative d'un référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui parce que, notamment, il “ne fait plus confiance” à ses colons, au cas où “une certaine tranche d'entre eux” devrait participer, “tel que l'a accepté le Front Polisario”, à ce vote référendaire. Concernant cette répression, une avocate membre de “Droits-Solidarité”, Me France Weyl, a appelé à déployer “autour de la légitimité de la résistance sahraouie une protection juridique internationale”. Face à l'ampleur des répressions sous différentes formes, physiques, administratives, juridiques, le représentant du Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental (Corelso), M. Jean-Paul Lemarec, a déploré “le silence des médias”, notamment français, autour “de cette question de décolonisation”. “Il n'y a rien de pire que le silence pour étouffer l'intifadha du peuple sahraoui”, s'est-il indigné, soulignant, lui également, l'urgence “à l'échelle internationale, de mieux médiatiser le mouvement de résistance sahraoui et de mieux encadrer sa protection juridique”. Alors que “près de 80 pays ont reconnu la légitimité de la cause sahraouie, la France reste un des principaux obstacles au règlement définitif de ce conflit”, a estimé le représentant du Corelso, soulignant que la question sahraouie, “similaire à la question palestinienne” dans la mesure “où il s'agit d'un phénomène d'occupation coloniale”, restera dans la conscience universelle comme “l'une des plus grandes injustices”. “Je ne vois pas pourquoi on a facilité, par exemple, l'indépendance du Timor ou du Kosovo et pas celle du Sahara occidental qui est la dernière colonie d'Afrique”, a-t-il déploré. La Voie démocratique, qui “reconnaît la RASD, qui milite toujours pour la nécessité d'un référendum pour l'autodétermination”, soutient “la poursuite des négociations directes entre le Polisario et le Maroc pour déboucher sur une solution mutuellement acceptable”, a-t-il ajouté. Au cas où la population sahraouie se prononcerait pour son indépendance, à l'issue de ce référendum, “nous avons assuré à nos interlocuteurs marocains que nous voulons comme voisin un Maroc fort, stable et démocratique”, ayant divers accords de coopération, notamment sur le plan sécuritaire et économique, a souligné le représentant du Front Polisario. Mais le Maroc s'en tient “à son plan d'autonomie” présenté unilatéralement sous la forme d'un “diktat” faussant tout espoir de “négociations véritables”, a-t-il poursuivi, rappelant que “la souveraineté appartient au seul peuple sahraoui”, d'où la nécessité du référendum. Si cette intransigeance marocaine “se poursuit, le peuple sahraoui, qui a fait preuve de patience, sera alors obligé de reprendre sa lutte pour son indépendance avec les moyens dont il dispose”, a-t-il averti. R. I./Agences