Après les violences du début de semaine lors d'une manifestation contre le projet du président Paul Biya de réviser la Constitution pour lui permettre de se représenter en 2011, la situation est très tendue à Douala. Les activités sont paralysées dans la capitale économique du Cameroun par une grève très suivie des transporteurs qui protestent contre l'augmentation du prix du carburant. Le mouvement tente de gagner Yaoundé, la capitale administrative où les grèves sont sporadiques et où la situation est également explosive face au renchérissement de plusieurs produits de première nécessité. Ces grèves interviennent dans une atmosphère politique déjà échaudée par un projet de révision de la Constitution, dont le principal effet serait d'autoriser le président Paul Biya à briguer un nouveau mandat en 2011, ce que l'actuelle loi fondamentale lui interdit. Un homme d'une vingtaine d'années a été tué samedi à Douala à l'occasion d'une manifestation contre la révision de la Constitution. L'opposition, qui avait appelé à la manifestation, affirme que la police a tiré à balles réelles sur les manifestants alors que le gouvernement fait part d'un mort sans lien avec la manifestation organisé par le Social Democratic Front, principal parti d'opposition. Pour libérer les voix publiques bloquées par des manifestants, la police a fait également usage de gaz lacrymogène et de lances à eau. Le SDF a dû alors annoncer l'annulation de la marche qu'il projetait. Les manifestations au Cameroun sont interdites depuis la mi-janvier par le président Biya au pouvoir depuis 1982. Pour faire passer sa révision constitutionnelle visant à supprimer la limitation des mandats présidentiels, il a donné un tour de vis à la liberté de la presse. La chaîne de télévision privée Equinoxe TV a été fermée le week-end dernier, il lui est reproché de ne pas s'être acquittée de droits de diffusion. Un prétexte pour gêner un média opposé à la décision du pouvoir de réformer la Constitution, a estimé l'opposition qui a vivement dénoncé ce projet et tente d'organiser des manifestations de protestation. D. B.