À travers ce voyage à plusieurs escales, les responsables d'Air Algérie veulent donner une autre image de leur entreprise que le commun des passagers assimile à des retards et prestations de moindre qualité. “De notre côté, maintenant, on a tout déclaré et on n'a rien à cacher.” Une phrase de Dali Chaouche, chef de division exploitation, formulée juste sous la pancarte “rien à déclarer” avant de sortir de l'aéroport international dimanche dernier en fin de journée. Un “clin d'œil” pour dire que les deux journées portes ouvertes consacrées aux médias, les 23 et 24 février, ont été une occasion de “tout” voir sur Air Algérie. Pour la première fois, la compagnie aérienne a organisé une sorte de visite guidée de l'envers du décor pour les journalistes. Une initiative entrant, comme n'ont pas cessé de le clamer haut et fort les responsables de la compagnie, dans la nouvelle politique de communication. Elle entre aussi, selon le DG par intérim, M. Hadj Rabia, dans “le cadre des recommandations des assises que nous avons organisées il y a quelques jours”. Les nombreux corps de métiers ont été “étalés” devant les journalistes accompagnés des principaux responsables de la compagnie. Le premier jour a été consacré à plusieurs “escales” : agence Audin (Alger-Centre), centre de réservation de Kouba (Alger), le fret, le catering, le centre de médecine de travail et la zone portuaire. Au niveau de cette dernière ont été visités le centre de révision, le hangar d'avions et le centre d'essais moteur. La dernière étape de la journée a été le centre des opérations présenté par le DTR comme “centre nerveux des préparatifs de vols”. Le second jour a été voulu comme une expérience “on live”. Voulant mettre les journalistes dans la peau des clients, un vol aller-retour Alger-Marseille (le même jour) a été décidé. Ces journées nous ont surtout permis d'avoir une idée plus précise sur les activités de la compagnie et sur bien d'autres sujets d'actualité. Des centaines de millions et un 3e simulateur “en octobre” 11 avions pour 100 millions. Une “info” que beaucoup de confrères avaient rapportée dernièrement et que, finalement, les responsables de la compagnie ont tenu tous à démentir. Il y a eu ceux qui affirmaient le non-sens de cette information en rappelant qu'un avion coûte à lui seul environ 55 millions de dollars “minimum”. D'autres rétorquaient : “Impossible que Hadj Rabia ait pu faire une erreur de ce genre. Il ne faut pas oublier qu'il était le responsable financier de la compagnie avant d'être le DG par intérim.” Evidemment, on a posé la question au concerné. Hadj Rabia a été catégorique : “On a dû certainement me comprendre mal. J'ai dit qu'il nous faut des centaines de dollars pour acheter les 11 avions que nous comptons acquérir bientôt.” Il précisera aussi qu'Air Algérie ne financera pas totalement l'opération : “On mettra environ 20%.” Rappelons que lors des assises, il avait annoncé le prochain renforcement de la flotte de la compagnie avec l'achat de 4 avions de type régional de moins de 100 places, de 5 moyens-porteurs et de 2 avions-cargos. Toutefois, il semble que leur achat n'est pas pour “demain”. Sans donner de date précise, Hadj Rabia affirme que la balle n'est pas au niveau de la compagnie : “Le conseil a pris ses décisions et on attend maintenant l'accord des autorités.” Un responsable d'Air Algérie nous précisera que tout dépendra de la décision du Conseil interministériel tout en ajoutant : “C'est évident que ce sera un montage financier, mais il ne faut pas rêver tout de même. On ne pourra pas les acquérir avant 2011.” Nos visites nous ont permis d'avoir une idée plus au moins précise sur le “matériel”. On a pu ainsi voir les deux seuls simulateurs : “On va ramener un autre dès octobre prochain.” Il aurait coûté la bagatelle de 8 millions de dollars. “On devait l'acheter déjà en 2001, mais il coûtait 15 millions de dollars”, nous précisera un des cadres de la compagnie. “On a bien fait d'attendre, on l'a ramené du Canada.” La visite de la zone aéroportuaire nous a aussi permis de recueillir des chiffres assez éloquents. Le directeur technique Ziouèche donnera les coûts de plusieurs “opérations”. Ainsi, le budget de la maintenance est de 25 à 30 millions de dollars ; la réparation d'un moteur complet coûte plus de 3 millions de dollars et une ailette vaut 27 000 dollars, “alors qu'un oiseau peut la détruire”. 1er juin : bye bye les billets classiques ! L'occasion a été saisie pour donner de plus amples précisions sur les nouveautés touchant la billetterie et les aéroports. À partir du 1er juin prochain, il n'y aura plus de billets classiques qui seront remplacés par les billets électroniques. Le sous-directeur des applications informatiques, Abdenour Touati, nous précisera aussi qu'il n'y a que “cinq aéroports automatisés. Il en reste 27 sur le territoire national. Dans cette affaire, il n'y a pas qu'Air Algérie, mais aussi d'autres secteurs qui doivent s'impliquer. Des télécoms aux banques, en passant par les collectivités locales”. Sans visa et… sans passeport Une sensation bien bizarre que celle de rejoindre l'Hexagone sans avoir besoin de visa. La plupart des journalistes (une dizaine) qui ont fait Alger-Marseille-Alger en une après-midi n'avaient pas le fameux “sésame”. Pour une fois, les pseudo-voyageurs n'ont pas passé trop longtemps à attendre sur le sol, mais fidèle à elle-même le mot retard ne semble pas vouloir se dissocier d'Air Algérie. Prévu à 11h45, le décollage a été à…12h. “C'est juste parce qu'une des journalistes a oublié son passeport et qu'on a dû demander aux autorités françaises une autorisation”, nous affirmera le chargé de communication M. Saadi. À bord d'un A 330 piloté par le commandant Allèche (qui est aussi le directeur des opérations), le vol a duré une heure et dix minutes avant d'atterrir sur le tarmac de l'aéroport Marseille-Provence. On ne peut pas omettre de noter (à l'aller ou au retour) qu'il n'y avait que de très rares passagers étrangers inscrits sur les deux vols. Aussi, nous avons remarqué la présence dans la salle d'embarquement de Abdelmalek Cherrad, l'international algérien sociétaire du Mouloudia d'Alger et ex-joueur de Bastia. L'intérieur attendra Ces deux journées (et les assises aussi) nous ont surtout permis de constater que, finalement, la stratégie d'Air Algérie est presque totalement axée sur les lignes extérieures. “C'est pas anormal tout de même”, nous rétorquera le chef de division commerciale, M. Abdelkrim Benahmed qui précisera : “Les lignes intérieures ne représentent que 12% du chiffre d'affaires global de la compagnie, alors qu'elles représentent 48% du trafic.” En se fiant aux “promesses” de Hadj Rabia et ses collaborateurs, “bientôt” des changements seront constatés par les clients sur les lignes extérieures. Les autres devront attendre plus longtemps. Salim KOUDIL