L'important groupe, qui a assiégé dans la nuit de samedi dernier la petite ville de Tizi Rached pour ensuite attaquer, à l'aide d'explosifs, les deux agences : postale et Badr et tuer un policier, a été identifié par les services de sécurité, a-t-on appris de sources généralement bien informées. Il s'agit, selon notre source, des éléments affiliés aux deux katibate El-Farouk et Ennour écumant les maquis de Aïn El-Hammam et, actuellement, considérées comme les plus actives dans la région de la Kabylie où les attaques contre les services de sécurité, et aussi contre les institutions financières, notamment les agences postales, ne cessent de se multiplier. Notre source affirme que les services de sécurité, qui ont eu à constater que lors de l'attaque des deux édifices à Tizi Rached, n'ont emporté aucun butin, ils ont désormais la certitude que l'incursion perpétrée, dans cette localité par ces deux phalanges dirigées depuis quelques semaines par le nouvel “émir”, un certain S. Benzid, alias Fayçal, originaire de Boumerdès et réputé être un proche de Droukdel, n'est autre qu'une opération de diversion qui avait pour objectif de détourner l'attention des services en charge de la lutte antiterroriste de l'extrême-est de la wilaya de Tizi Ouzou où se poursuit toujours une grande offensive contre un des principaux groupes de Abdelmalek Droukdel. C'est donc une opération qui a pour principal objectif de desserrer l'étau sur le groupe pourchassé par les troupes de l'ANP dans le massif situé entre Zekri, Bouzeguène, Yakourène, dans la wilaya de Tizi Ouzou, et Béni K'sila dans la wilaya de Béjaïa, et de confirmer, entre autres objectifs, leur présence même dans les localités jusque-là réputées pour être les plus tranquilles. Même le nombre de terroristes mobilisés pour cette opération, à savoir une cinquantaine d'éléments armés, n'est, de l'avis des observateurs de la scène sécuritaire, pas du tout fortuit puisqu'il constitue, disent-ils, un élément psychologique important dans le sens où il confirme que le terrorisme en Kabylie n'est pas moins important que certains responsables au sommet de l'Etat tentent de le faire croire. À vrai dire, ce nombre de terroristes qui ont participé à l'incursion de Tizi Rached ne constitue pas à lui seul cet élément qui nourrit l'inquiétude du citoyen. Il y a aussi ces mouvements quasiment quotidiens des groupes terroristes qu'on ne cesse de signaler par-ci par-là sur tout le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou et surtout ces kidnappings à répétition et ces attaques presque “chirurgicales” qui ne cessent de faire des victimes dans les rangs des services de sécurité. Un état de fait qui doit interpeller les responsables des services de sécurité et qui appelle à repenser quelque peu la stratégie de lutte antiterroriste, sachant qu'en dépit du nombre considérable de terroristes éliminés durant l'année 2007 dans les maquis de la Kabylie, le terrorisme continue de frapper dans cette région avec à chaque fois des méthodes que l'on considère tantôt comme “intelligemment” pensées et tantôt comme imparables, telles que les attentats kamikazes à la voiture piégée. Des méthodes qui nécessitent donc sûrement une stratégie autre que les opérations classiques de ratissage. Comme il est d'ailleurs souvent constaté, c'est souvent la guerre de renseignement qui s'avère être payante dans cette lutte antiterroriste. Au sujet justement de ce volet des renseignements, il y a lieu de signaler que, selon des sources au fait de la chose sécuritaire, des investigations menées à Tizi Ouzou en début de cette semaine, ont conduit à la récupération d'une bombe en phase de fabrication dans un garage dans la Nouvelle-Ville et à l'arrestation de ses “fabricants”. Samir LESLOUS