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“D'une guerre froide à une paix froide : le besoin du désarmement”
CONFERENCE DE HANS BLIX À ALGER
Publié dans Liberté le 11 - 03 - 2008

Hans Blix est actuellement président de la Commission sur les armes de destruction massive (Stockholm). Il était ancien DG de l'AIEA et ancien chef des inspecteurs onusiens en Irak.Lors de son séjour à Alger, il a donné une conférence à la résidence El-Mithaq intitulée “D'une guerre froide à une paix froide”. Nous livrons ici de larges extraits de cette intervention.
Que nous l'aimions ou pas, l'interdépendance accélérée entre les pays nous oblige à coopérer dans de nombreux domaines.
Les virus voyagent partout et sans visa. Il nous faut des mesures communes pour protéger la santé mondiale. Nous n'avons qu'une atmosphère — nous devons ensemble gérer la menace du réchauffement de la planète. L'espace est utilisé par tout le monde et des investissements énormes y ont été faits, notamment pour les communications mondiales. Nous devons coopérer pour nous assurer que personne n'installe des armes dans l'espace et le transforme en un dépotoir pour les débris des satellites — à dessein ou par erreur.
Nos avons tous besoin de nourriture, d'eau fraîche et de combustibles. La concurrence pour l'accès à ces ressources augmente les menaces à la sécurité. Il faut que nous coopérions — aux niveaux mondial et régional — pour bien gérer et partager de manière équitable les ressources du monde. Nous devons encore ralentir l'augmentation de la population mondiale. À ceux qui continuent à dire que nous avons le devoir de peupler le monde, je pense que nous devrions dire : “Cette mission-là a été accomplie.”
Si nous acceptons la nécessité de coopérer pour éviter ces “lentes menaces” auxquelles est confronté le monde, ne devons-nous pas aussi accepter la nécessité de coopérer pour éliminer les menaces rapides de guerre, de violence et d'armes de destruction massive ? Ceci constitue mon thème principal. D'abord, je décrirai quelques espoirs et quelques dangers sur le chemin vers la paix. Ensuite, je me concentrerai sur deux conditions fondamentales :
La mondialisation du droit en particulier des règles internationales sur le recours à la force armée et la mondialisation du désarmement, en particulier le besoin d'aller vers un monde libéré de la menace de l'arme nucléaire.
Des kamikazes désespérés mais pas de guerre de religions
* L'ambition de propager une religion ou une idéologie a conduit aux croisades chrétiennes, aux djihads islamiques et à l'expansion communiste. Aujourd'hui, il peut y avoir des kamikazes désespérés, mais il n'y aura pas de guerre des civilisations
* Même si nous ne pouvons manquer de voir des tensions croissantes entre les grandes puissances militaires d'aujourd'hui, nous ne voyons pas de conflit sérieux entre elles et
* Bien qu'il y ait de la compétition entre elles sur l'accès au pétrole, au gaz et à d'autres matières premières, il serait raisonnable de penser qu'une pareille compétition se jouerait sur les prix plutôt que sur les champs de bataille.
Un autre développement positif est que les espaces géographiques de paix dans le monde se sont élargis à travers le temps. Il existe effectivement des guerres civiles et des régions où il y a de graves conflits armés, mais
* Une guerre entre les Etats membres de l'Union européenne est devenue une idée impensable.
* De plus en plus de personnes doutent également du risque d'une guerre entre l'UE et la Russie, même si les relations se sont quelque peu dégradées.
* Si nous regardons à l'extérieur de l'Europe, nous voyons que, par exemple, une guerre entre les Etats-Unis et le Mexique est aujourd'hui impensable, alors que dans le passé, ces deux Etats se sont fait la guerre.
Jusqu'à la fin de la guerre froide, nous nous sommes inquiétés d'une guerre nucléaire et d'une “destruction mutuelle assurée”, MAD. Nous étions, en effet, dangereusement près d'une telle guerre pendant la crise de Cuba. Un changement majeur vers un monde pacifique est intervenu lorsque la longue bataille idéologique de la guerre froide a pris fin. Beaucoup de coopération et de désarmement ont produit les résultats suivants au cours de la première moitié des années 1990 :
* En 1993, la convention sur les armes chimiques a été conclue après une vingtaine d'années de négociations.
* En 1995, le traité de non-prolifération a été prorogé pour une durée indéterminée.
* En 1996, le traité d'interdiction complète des essais nucléaires a été adopté.
* D'un nombre culminant pendant la guerre froide de quelque 55 000, le nombre d'ogives nucléaires a diminué à environ 27 000.
Les signes décourageants sur le chemin de la paix
Permettez-moi maintenant de me concentrer sur le côté décourageant du tableau. À partir de la seconde moitié des années 1990, les perspectives pour la paix sont devenues moins bonnes :
* Le recours à la force armée existe toujours entre certains Etats, tout comme la violence armée à l'intérieur de nombreux Etats. Il y demeure également des points chauds dangereux, tels que Taïwan et le Cachemire.
* En 2003, a commencé l'intervention armée en Irak et elle n'est pas encore finie.
* Avec la fin de la guerre froide, la pression de l'opinion publique pour réduire et pour éliminer les armes nucléaires a diminué.
* Après le 11.09.2001, on se préoccupe de la menace du terrorisme et des armes de destruction massive.
* En 2002, la Corée du Nord s'est retirée du traité de non-prolifération, a expulsé les inspecteurs de l'AIEA, a repris la production du plutonium et, plus tard, a déclenché une explosion nucléaire.
* Aujourd'hui, l'Iran est en train de développer un programme pour l'enrichissement de l'uranium, ce qui fait craindre une future production d'armes nucléaires.
La guerre froide est donc finie et nous n'avons qu'une paix froide. Comment la communauté des Etats peut-elle avancer vers une paix solide ?
La leçon irakienne
L'une des leçons de Irak est que l'information obtenue par des inspections internationales indépendantes ne doit pas être ignorée. Nous n'avons jamais fait valoir que nos inspecteurs étaient plus intelligents que les agents des services nationaux de renseignements. Mais nous pouvions dire sincèrement que nous n'étions sous l'emprise de personne.
Il faut souligner que le point d'interrogation qui a toujours entouré l'efficacité de la règle de San Francisco contre le recours à la force armée, et qui semblait s'effacer lors de la guerre du Golfe de 1991 est revenu en force lors de la guerre d'Irak en 2003. Cependant, le moins qu'on puisse dire, c'est que la liberté pour chaque Etat de lancer unilatéralement des guerres préventives contre tout Etat qu'il considère comme une menace serait déstabilisatrice. Il faut que nous arrivions à faire respecter la Charte des Nations unies.
Avant de conclure cette partie sur la mondialisation du droit, permettez-moi de rajouter que le développement du droit international ne porte pas uniquement sur l'identification des intérêts communs, mais aussi sur une convergence mondiale graduelle des valeurs. L'ensemble des droits de l'homme est le résultat d'une telle convergence des valeurs. Ils ne sont pas la manifestation d'une religion ou d'une idéologie particulière, mais ont émergé d'une éthique de mondialisation.
Certes, les droits de l'homme sont fréquemment et horriblement violés, mais ils fournissent des points de référence mondiaux et communs pour évaluer et questionner le comportement des Etats et des gouvernements. Les violations sont aussi décourageantes que la convergence continue des valeurs est encourageante. Laissez-moi vous donner quelques exemples de valeurs qui convergent :
- la peine de mort et autres peines cruelles sont abolies de plus en plus par les Etats ;
- les duels, qui, dans certains pays, étaient une méthode socialement acceptable pour régler un conflit entre les individus il y a seulement 150 ans, constituent une coutume en voie de disparition ;
- les fessées données aux enfants étaient perçues comme tout à fait normales dans la plupart des pays, il y a seulement 50 ans. Aujourd'hui, elles sont interdites dans un nombre croissant de pays.
La mondialisation du désarmement
Comme je viens de le dire, alors que la fin de la guerre froide a apporté certains dividendes importants pour la paix au cours de la première moitié des années 1990, la seconde moitié de cette décennie a été décevante :
- le processus de désarmement a stagné. La conférence des Nations unies sur le désarmement a échoué à adopter un programme de travail pour une période de dix ans ;
- le traité d'interdiction complète des essais nucléaires qui a été signé par l'administration Clinton en 1996 a été rejeté par le Sénat américain et le moratoire qui a été respecté par les P5 a été ignoré par la Corée du Nord qui a testé un engin nucléaire ;
- la conférence de révision de 2005 du traité de non-politisation s'est terminée dans l'amertume. En effet, les Etats non dotés de l'arme nucléaire ont déclaré qu'ils avaient accepté une prorogation illimitée de leurs obligations dans le cadre du traité, alors que les Etats nucléaires n'avaient pas fait de pas vers le désarmement.
Ils ont eu raison de se plaindre que les obligations qu'ils avaient demandées pendant des années, telles que l'interdiction complète des essais nucléaires et l'interdiction de la production d'uranium et de plutonium enrichis destinés aux armements, n'avaient pas été retenues.
Il y a deux ans, Kofi Annan a noté avec justesse que le monde “marche en dormant” vers de nouvelles courses aux armements. Il est temps que nous prenions conscience d'une deuxième vérité qui dérange : de nouvelles accumulations d'armes.
- Le Royaume-Uni a décidé de laisser ouverte l'option de poursuivre son programme nucléaire sous-marin Trident.
- L'administration américaine a proposé de développer une nouvelle arme nucléaire modèle (RRW) et cherché à élargir son bouclier antimissile par des installations en Pologne et dans la République tchèque, faisant valoir qu'il existe un besoin de se défendre contre des missiles qui pourraient être lancés d'Iran dans l'avenir.
- La Chine modernise ses forces armées et a abattu un de ses propres satellites météo, démontrant ainsi une capacité d'agir militairement dans l'espace.
- La Russie a repris les vols routiniers à longue distance avec des avions porteurs d'armes nucléaires et se retire des accords sur le contrôle des armements.
- L'Iran est en train de développer des capacités pour enrichir l'uranium qui pourrait être utilisé pour des armes nucléaires et les Etats-Unis ont trois porte-avions dans le golfe Persique.
- Des acteurs non étatiques planifient de nouveaux actes terroristes.
Malheureusement, nous devons y ajouter un élément très important : une dégradation des relations entre les grandes puissances.
Elles soulignent toutes que la guerre froide fait partie du passé, qu'elles sont portées sur le pragmatisme et qu'elles pratiquent différentes formes d'économie de marché.
Néanmoins, la confiance mutuelle entre la Russie et la Chine, d'une part, entre les Etats-Unis et les grandes puissances occidentales, d'autre part, n'est pas aussi profonde. Les Etats-Unis se montrent préoccupés du fait que la Chine modernise sa marine ; c'est pour cela qu'ils seraient en train de renforcer leur propre base militaire à Guam.
Les Etats-Unis ont recherché un accord de coopération nucléaire avec l'Inde. Le résultat attendu serait que l'Inde puisse importer la plus moderne technologie nucléaire pour la production d'électricité sans émissions de CO2. Toutefois, l'accord nucléaire pourrait également faciliter les possibilités pour l'Inde de produire davantage d'uranium enrichi pour des armes nucléaires, et cela pourrait amener la Chine et le Pakistan à en faire autant.
En outre, même si l'Inde voulait avoir de bonnes relations avec la Chine, une indépendance et une marge de liberté pour sa politique étrangère, beaucoup de monde verrait dans l'initiative américaine pour la coopération nucléaire, un effort de ramener l'Inde dans un groupe d'Etats qui pourraient — si nécessaire — contenir la Chine.
Ces mesures ressemblent à la politique traditionnelle de l'équilibre des forces. Cela est également le cas des efforts visant à élargir davantage encore l'OTAN — en Ukraine, en Géorgie, voire en Azerbaïdjan et au Kazakhstan. Y a-t-il quelqu'un qui s'étonne que la Russie ne se réjouisse pas des exercices militaires de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord dans la mer Noire ?
On pourrait craindre que la politique traditionnelle de l'équilibre des forces suscite des réponses traditionnelles et que de nouvelles tensions se développent.
Quelles sont les perspectives du désarmement nucléaire ?
- Fondamentalement, les relations politiques et économiques qui se sont développées après la fin de la guerre froide devraient faciliter le désarmement. Les actuelles courses aux armements qui sont à leurs débuts ne semblent pas être en accord avec la tendance vers l'interdépendance et l'intégration.
- Ces courses peuvent en partie être animées par les intérêts du complexe militaro-industriel et on se demande si elles peuvent durer en l'absence de divergences sur de grandes questions substantielles.
- On n'a pas besoin d'armes nucléaires et de porte-avions pour lutter contre des terroristes potentiels. Les contribuables ne vont-ils pas s'y opposer ?
- Paradoxalement, les tensions les plus préoccupantes aujourd'hui ne semblent pas être liées à des questions substantielles. Elles semblent plutôt porter sur la possession de moyens pour résoudre des questions substantielles qui n'existent pas, mais qui peuvent survenir. Elles portent sur la possession des armes nucléaires les plus modernes et les plus précises sur le développement du bouclier antimissile ou sur l'installation d'armes dans l'espace….
Je me permets humblement de suggérer que le rapport de la commission sur les rames de destruction massive pourrait être utile. L'ONU doit jouer un rôle central au sein de cet ordre. Comme l'a dit Hammarskjöld : l'ONU ne nous ramènera pas le ciel mais elle pourrait nous aider à éviter l'enfer.
H. B.


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