En recevant, au plus haut niveau, l'ancien directeur des inspecteurs de l'ONU, Hans Blix, qui avait récusé point par point les argumentaires de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis pour justifier l'invasion de l'Irak, l'Algérie réaffirme qu'elle se range toujours du côté de la légalité internationale. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu, hier, l'ex-patron des enquêteurs des Nations unies sur les prétendues armes de destruction massive en Irak, le Suédois Hans Blix, venu lui rendre une visite de courtoisie. À la fin de l'audience, Hans Blix a souligné le rôle de l'Algérie dans le domaine de la non-prolifération des armes nucléaires. Ainsi il a déclaré : “L'Algérie a un grand rôle à jouer, compte tenu de ses connaissances scientifiques dans le domaine du nucléaire et de sa position dans la médiation pour la non-prolifération de l'arme nucléaire.” Dans le même ordre d'idées, l'hôte de l'Algérie a affirmé avoir discuté avec le président de la République de “la question du nucléaire, de son utilisation dans la production électrique et comment éviter la mauvaise utilisation du nucléaire”. Hans Blix a ajouté : “Nous avons également évoqué comment pouvoir trouver les opportunités nécessaires pour de nouvelles tendances sur le désarmement et de la manière d'éviter, à l'avenir, la prolifération nuisible du nucléaire.” Tout en expliquant que “la guerre en Irak a montré que les moyens militaires n'étaient pas suffisants et qu'il fallait recourir aux moyens diplomatiques pour débloquer la situation”. À travers cette audience, le chef de l'Etat réitère la position inamovible de l'Algérie sur la scène mondiale se caractérisant par un soutien sans faille aux causes justes conformément au droit international. L'ancien chef de la diplomatie suédoise a animé, hier, une conférence à la résidence El-Mithaq intitulée “D'une guerre froide à une paix froide”. La présence en Algérie de celui qui avait détruit l'argumentaire américain et britannique affirmant l'existence d'armes de destruction massive, pour attaquer l'Irak en 2003, est un signal qui renseigne sur la constance de la position d'Alger vis-à-vis des questions internationales et son rejet du bellicisme américain. Il y a lieu de relever le contexte dans lequel se déroule la visite en Algérie de Hans Blix, l'ex-directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique de 1981 à 1997. Washington tente toujours d'imprégner sa cadence au monde en imposant ou en essayant d'imposer sa manière de concevoir les choses, comme l'indique sa terrible pression sur la communauté internationale pour l'amener à isoler totalement l'Iran en raison de son programme nucléaire. Là encore, en se basant sur de simples soupçons, entièrement rejetés par les Iraniens qui affirment que leur programme est pacifique, les Américains ne veulent rien savoir et suivent un cheminement similaire à celui qui avait amené à la guerre contre l'Irak en 2003. Le contexte est également marqué par cette volonté du Pentagone d'élargir son champ d'action sur le continent africain à travers la mise en place de l'Africom, lequel rencontre une vive opposition des pays sollicités pour accueillir des bases américaines, à l'exception du Maroc et du Liberia. Il n'y a pas de personne plus indiquée que Hans Blix pour dénoncer l'hégémonie américaine. D'ailleurs, il a plaidé pour une réforme des Nations unies qui puisse élargir la représentativité du Conseil de sécurité pour prévenir la reproduction des abus américains. En l'accueillant, l'Algérie ne fait que réaffirmer sa détermination à défendre les causes justes, à commencer par celle du peuple palestinien, qui continue à vivre l'enfer au quotidien face aux démonstrations de force de l'armée sioniste, laquelle agit au vu et au su de tout le monde avec, en prime, les encouragements de Washington. Les derniers événements dramatiques de Gaza, où plus d'une centaine de Palestiniens, dont beaucoup de femmes et d'enfants, ont été massacrés, en sont la meilleure illustration. Malgré cela, Alger a toujours soutenu les Palestiniens, en recevant tous ses leaders, y compris Khaled Mechaâl, catalogué par les Etats-Unis comme terroriste. C'est une façon d'affirmer sa souveraineté totale, comme c'est également le cas pour le Sahara occidental, un conflit dans lequel les Américains apportent leur caution aux thèses expansionnistes marocaines en violation du droit à l'exercice de l'autodétermination reconnue par le droit international et les différentes résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur la question. K. ABDELKAMEL