Redoutant que le phénomène de ralliement des Mauritaniens au Maroc ne prenne de plus grandes proportions, le gouvernement de Zeine Ould Zeidane a tenu une réunion pour se pencher sur la situation, qui pourrait représenter un danger pour le pays et provoquer une crise avec Rabat, laquelle a exploité l'événement à son profit dans le cadre du conflit du Sahara occidental. Il y a une semaine, une centaine de Mauritaniens avec à leur tête Hamada Ould Derouich, l'ancien directeur du port de la capitale économique du pays, Nouadhibou, se sont rendus au Maroc, où ils ont annoncé leur “retour à la mère patrie” affirmant qu'ils étaient Sahraouis. Cet événement a constitué une véritable onde de choc à Nouakchott, où un chaud débat oppose les pro-Marocains et les partisans de la Mauritanie Etat-Nation. C'est le fait que le chef de file de ce mouvement de ralliement au Maroc ait estimé que cette première vague sera suivie par plusieurs autres qui a suscité la crainte des officiels mauritaniens, au point où le gouvernement dirigé par Zeine Ould Zeidane a consacré une réunion à cette question. Certains cercles ne cachent pas leur déception et n'hésitent pas à affirmer que “le Maroc qui a avalé les Sahraouis, ne ratera pas l'occasion de se mettre sous la dent les Mauritaniens”. Devant la dangerosité de ce phénomène, le cabinet du Premier ministre a décidé de lancer une campagne d'informations intelligente et dans le calme pour mettre en garde contre les risques du renoncement à la nationalité. Un haut responsable mauritanien n'a pas caché dans des déclarations au journal londonien Al-Quds al-arabi, la hantise des autorités locales de voir d'autres “citoyens emprunter la voie du groupe de Hamada Ould Derouich pour se rendre au Maroc à la recherche de meilleures conditions de vie”. La même source a accusé le président du Conseil royal des affaires sahraouies (Corcas), Khalilhenna Ould Rachid, d'être l'exécutant de cette opération d'“achat de consciences”. Dénonçant ce phénomène, le journal mauritanien Al Alam a mis en garde contre l'éventualité que le premier départ ne fasse tâche d'huile, car indiquant être en possession d'informations faisant état qu'un autre groupe prépare depuis quelques jours une équipée similaire. Cette publication n'a pas manqué de faire le lien avec la proposition d'autonomie de Mohammed VI pour le Sahara occidental, qui fait miroiter une vie meilleure à ceux qui veulent bien s'y installer. Le journal s'est interrogé sur le silence des autorités mauritaniennes, car selon elles “le ralliement de Mauritaniens au vu et su de tout le monde à un autre Etat, soulève beaucoup de questions” et l'opinion publique locale attend une position officielle du gouvernement. K. A.