Un article de Florence Beaugé dans les colonnes du journal le Monde évoque, à l'occasion du quatrième round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, l'indépendance du Sahara occidental. “Le Sahara occidental est coupé en deux du Nord au Sud. À l'Ouest, quelque 250 000 Sahraouis sous occupation marocaine, largement dépassés en nombre par les Marocains venus s'installer au fil des ans dans cette "province du Sud", appâtés par les exonérations fiscales. À l'Est, 125 000 réfugiés installés sur le sol algérien et dans une petite bande "libérée" par les combattants du mouvement indépendantiste, le Front Polisario, soutenu par l'Algérie”, est le constat fait par la journaliste. L'auteur de l'article écrit que “la France est régulièrement accusée par le Front Polisario de soutenir de façon inconditionnelle le Maroc et d'octroyer ainsi au royaume chérifien un pouvoir exorbitant au Conseil de sécurité. La position française n'a pas été modifiée avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat. Les Etats-Unis pourraient vouloir sortir le Sahara occidental de l'ornière. Ils redoutent, en effet, que la bande sahélienne, qui longe les pays impliqués dans ce conflit, ne se transforme en refuge du terrorisme islamiste”. Relatant les conditions de vie des réfugiés sahraouis, elle affirme : “Vivant dans des masures en pisé, en dur et sous des tentes, soumis à des conditions de vie extrêmement difficiles — chaleur torride l'été, froid glacial l'hiver, vents de sable —, les Sahraouis exilés en Algérie dépendent entièrement de l'aide internationale (ONU, Union européenne et ONG). Ils ont donné à leurs campements les noms des principales localités de leur patrie sous occupation marocaine et se sentent les oubliés de la terre.” Florence Beaugé explique ensuite les raisons de l'intérêt porté à ce territoire en soulignant que “sous son apparence de désert inhospitalier, ce territoire abrite d'importantes richesses : phosphate (donc uranium potentiel), fer et peut-être pétrole, au large des côtes ou sous terre. Quant à la côte, elle compte parmi les plus poissonneuses du globe. Voilà pourquoi le Sahara occidental suscite tant de convoitises”. Quant à la position de Rabat, la journaliste indique que “le Maroc estime qu'historiquement, le Sahara occidental lui appartient. Pour cette raison, il ne veut entendre parler que d'un régime d'autonomie pour les Sahraouis”. Quant au Front Polisario, “lui, revendique le droit à l'autodétermination, autrement dit à une éventuelle indépendance du peuple sahraoui”, ajoute-t-elle. Elle aboutit à la conclusion que “le blocage est total”. Donnant la parole à Khadija Mohsen-Finan, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), celle-ci explique : “Il y a un très grand déficit de compréhension et d'analyse de part et d'autre. Les uns martèlent "autodétermination". C'est compris comme indépendance et rien d'autre, ce qui est faux. Les autres matraquent "autonomie", ce qui est interprété comme excluant à jamais l'indépendance. Là aussi, c'est inexact.” Une chose est sûre : la population est lasse. Combien de Sahraouis seraient prêts à accepter l'autonomie proposée par le Maroc ? Difficile de le savoir. Le langage tenu en public et en privé n'est pas le même, ni à Rabouni, siège du Polisario, ni à El-Ayoun, principale ville du Sahara occidental. Et, surtout, la propagande pour discréditer “l'autre côté” est incessante, en particulier sur le terrain des droits de l'Homme. R. I. / “Le Monde”