Le mot d'ordre a été largement suivi, paralysant ainsi plusieurs établissements sanitaires à travers le territoire national. Depuis le début de cette année, la contestation ne cesse de monter. Hier encore, les paramédicaux sont allés en rangs serrés vers un débrayage de trois jours, dont l'annonce a été faite par leur syndicat il y a presque un mois de cela. Plus déterminés que jamais, ils étaient fort nombreux à se rendre sur leur lieu de travail et observer des piquets de grève. Hôpital Bachir-Mentouri de Kouba. Juste à l'entrée, une banderole accrochée sur les rampes d'un jardin annonce déjà la couleur : “Les paramédicaux en grève”. Les avis de débrayage ont été affichés dans tous les services du secteur sanitaire. Tout le travail est suspendu, seulement le service minimum est assuré par les paramédicaux. Il était 10h, lorsque les protestataires ont commencé à affluer des différents services de cet hôpital vers le lieu du sit-in. Les techniciens de la santé, laborantins, sages-femmes, radiologues…, tous en blouse blanche, accrochent les badges de gréviste à leur tenue et commencent à se rassembler. Objectif : rejeter l'avant-projet du statut particulier, notamment la grille des salaires et réitérer leurs revendications socioprofessionnelles. “Nous sommes considérés comme des sous-travailleurs de la santé. Faut-il rappeler que nous sommes des sortants de l'école des paramédicaux avec au minimum le bac plus trois et le diplôme de professionnel de la santé”, a précisé M. Ibriz, technicien supérieur de la santé, spécialiste en réanimation. Dans la cour, trop exiguë pour contenir les 300 paramédicaux employés de ce secteur sanitaire, ces derniers discutent de leurs problèmes. Ils en ont gros sur le cœur, leur ras-le-bol est visible. “Nous travaillons dans des conditions catastrophiques. Nous sommes sous pression. La charge de travail est tellement importante que même nos congés sont sacrifiés”, s'interrogent-ils. “Tous les membres du personnel médical participent à des formations pendant que nous subissons les maladies professionnelles. Pourquoi n'avons-nous pas droit à une formation continue ?” s'indigne Abderrahmane. Un autre ajoute : “Nous supportons la pression du travail, les insultes des malades qui s'ajoutent aux bas salaires ! Ce n'est pas une rémunération mais une prime de bénévolat.” Que ce soit aux hôpitaux de Kouba, de Ben Aknoun ou de Mustapha-Pacha, les propos sont les mêmes : mépris de la tutelle, blocage de dialogue et reconnaissance des métiers des paramédicaux, véritable professionnel de la santé. Carton plein pour ce premier jour de la grève des paramédicaux, si l'on en croit le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP). Le représentant du syndicat, M. Ghachi, avance que près de 95% des paramédicaux ont adhéré favorablement au mot d'ordre à travers le territoire national. “Tous les hôpitaux du pays étaient paralysés hier et ils le seront encore aujourd'hui et demain”, a-t-il affirmé. À titre de rappel, les paramédicaux revendiquent un salaire décent, leur permettant de sortir de la précarité et un statut digne de leur profession. Ce corps, délaissé, vit un problème profond. Ils sont 92 000 à l'échelle nationale, soit 50% des effectifs de la santé qui souffrent d'abord d'un problème de reconnaissance. Leur salaire est très dérisoire. Le débutant touche à peine 10 000 DA et ceux ayant une expérience de 20 ans arrivent à 22 000 DA. Ils admettent qu'ils sont victimes d'une politique qui les a relégués au second plan. Le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), initiateur de cette contestation, tire la sonnette d'alarme. Notons que ce mouvement a été soutenu par plusieurs corps médicaux : professeurs de sciences médicales, maîtres-assistants, praticiens de la santé... “Sans l'infirmier, toute la chaîne de soins est chamboulée. Il faut se battre pour l'équipe soignante”, assène un médecin de passage. Aujourd'hui, la grève se poursuivra. Une conférence de presse se tiendra demain afin d'évaluer les conséquences de la grève. Le ministère de tutelle répondra-t-il aux doléances des paramédicaux et ouvrira-t-il le dialogue tel que revendiqué par le syndicat ? Nabila Afroun