Pour le président de la CNCPPDH, la grâce prononcée par le président libyen concernait tous les détenus algériens qui devraient donc rejoindre le pays dès le règlement des situations administratives. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), M. Farouk Ksentini, nous a affirmé, hier, que la libération des 52 jeunes Algériens graciés en Libye devrait intervenir rapidement puisqu'il ne reste, d'après lui, qu'à régler la paperasse liée aux dossiers des concernés avant d'organiser leur transfert. Interrogé en marge de la 4e Rencontre des institutions arabes des droits de l'homme, qui se tient à l'hôtel El-Aurassi à Alger, sur le cas des dizaines d'autres Algériens qui croupissent encore dans les geôles libyennes, M. Ksentini a affirmé que la grâce prononcée par le président libyen, Mouammar El-Kadhafi concernait tous les détenus algériens et, de ce fait, eux aussi devraient rejoindre le pays dès le règlement des situations administratives. Comme annoncé donc il y a quelques jours dans nos colonnes, le calvaire des Algériens détenus en Libye, des harragas pour la plupart, devrait donc connaître son épilogue très prochainement. Le dossier avait bénéficié d'une médiatisation qui a dépassé nos frontières, ce qui avait suscité une certaine émotion qui a amené le président de la Commission nationale des droits de l'homme à solliciter la médiation du chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika. L'interven-tion directe de ce dernier auprès de son homologue libyen a permis de débloquer très rapidement la situation, avec l'annonce de la libération d'un premier groupe de 52 personnes. Ce contingent fait partie de ces centaines de jeunes qui ont tenté, à un moment ou à un autre, d'atteindre le sol italien à partir des côtes libyennes, mais sans y parvenir. Beaucoup, en effet, échouent pour diverses raisons à gagner leur destination et se retrouvent entre les mailles des filets des gardes-côtes libyens qui n'hésitent pas à leur faire subir les pires sévices. Récemment, un rapport confidentiel de l'agence européenne Frontex, pour la sécurité et les frontières extérieures de l'UE, rappel consacré à un plan de coopération avec la Libye, indiquait que “53 842 immigrants ont été arrêtés et déportés en Libye en 2006 et plus de 60 000 migrants et réfugiés, de différentes nationalités, étaient détenus dans les prisons libyennes en mai 2007”. Et parmi eux, beaucoup d'Algériens. Interrogé, par ailleurs, sur la situation des droits de l'Homme dans le monde arabe, M. Ksentini a estimé que tous les pays de la région “doivent se conformer à la carte des droits de l'Homme, imputant les manques enregistrés en la matière à “un problème culturel et de mentalité”. Pour lui, la Ligue arabe constitue “un outil d'influence” des politiques des pays arabes en la matière. Il a, cependant, relevé qu'“il existe une volonté politique d'améliorer la situation” et que “des pas importants” ont été faits dans ce domaine. Il a, à ce propos, considéré que l'Algérie deviendra, dans les années à venir, “un Etat de droit au sens propre du terme”. L'ancien secrétaire général des Nations unies, l'Egyptien Boutrous Boutrous-Ghali, actuellement président de la Commission nationale des droits de l'homme de son pays, a estimé, au cours de son intervention lors de la cérémonie d'ouverture de la rencontre, que “la démocratie a besoin des droits de l'Homme, et les droits de l'Homme ont besoin de la démocratie”. Hamid Saïdani