Le président de la Cncppdh est intrigué par la décision du président libyen qui aurait exclu les Algériens de la grâce prononcée à l'occasion du 40e anniversaire de la Révolution du 1er Septembre 1969. L'opacité plane toujours sur le sort des détenus algériens dans les geôles libyennes. Sont-ils graciés par le président El-Gueddafi ou seront-ils transférés vers l'Algérie? A l'occasion du 40e anniversaire de la révolution du 1er septembre 1969, le Guide de la révolution libyenne, le Colonel Mouamar El Gueddafi, a annoncé une grâce au profit des prisonniers libyens et étrangers. Selon des informations rapportées par la presse hier, il semblerait que les Algériens seraient exclus. Autrement dit, les prisonniers algériens ne seraient pas concernés par cette grâce. La présence du Président Abdelaziz Bouteflika à Tripoli a donné de l'espoir aux incarcérés de voir leur affaire connaître son épilogue. La rencontre qu'ont eu, ces derniers jours, les deux présidents pourrait apporter un dénouement «heureux» à cette histoire. Les prisonniers attendent un «geste» de la part du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Les familles des détenus ont interpellé le chef de l'Etat pour qu'il intervienne auprès du leader libyen Mouamar El Guedafi sur cette question. Le Président Bouteflika et le ministère des Affaires étrangères ont été sensibilisés sur ce dossier. Des procédures ont été mises en place avec les autorités libyennes, afin d'obtenir les détails de ces cas d'incarcération. Contacté par L'Expression, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et de la protection des droits de l'homme (Cncppdh), est intrigué par cette décision. «Je suis vraiment étonné», a-t-il dit. Et de s'exclamer: «Je ne trouve vraiment pas d'explication à cette action du Guide libyen!» Pour Me Ksentitni, il s'agit d'un geste discriminatoire. «C'est incompréhensible et discriminatoire», a-t-il ajouté, sans toutefois confirmer ni infirmer, si ces mesures de grâce concernent ou non les détenus algériens. Le président de la Cncppdh estime que la Libye est «un pays souverain qui peut gracier ceux qu'il veut et ne pas gracier ceux qu'il ne veut pas». Toutefois, le même interlocuteur estime que la Libye n'aurait pas respecté les accords signés entre les deux pays sur l'échange des prisonniers. En se référant à ces accords, M.Ksentini annonce sa lecture. «Si les Algériens ne sont pas touchés par cette grâce, ils seront certainement transférés vers l'Algérie où ils doivent purger leurs peines». Ils sont 57 Algériens incarcérés dans les geôles libyennes. Parmi ceux-ci, 3 d'entre eux sont condamnés soit à la peine de mort, soit à la perpétuité. Ils seraient impliqués en majorité dans le trafic de drogue. Cette histoire a suscité beaucoup de bruit pour rien, hélas! La presse nationale, les familles des détenus, les hauts responsables de l'Etat se sont tous impliqués dans ce dossier qui n'a que trop duré. Les deux pays ont engagé des négociations depuis quelques années. Ces discussions ont abouti à la libération de 23 détenus algériens en 2008 et 17 autres en 2009 en Libye. De son côté, l'Algérie a procédé à la libération d'une dizaine de détenus libyens dans les prisons algériennes. S'agissant de la libération du reste des Algériens, elle a été prévue pour le premier semestre de l'année écoulée. Elle a été reportée, vainement, pour le mois de novembre de la même année. Cette année, les familles des détenus sont revenues à la charge. C'est dans ce cadre que leur libération a été annoncée pour le mois de juin de l'année en cours. Les reports se suivent, les promesses de libération s'enchaînent de jour, en jour, mais les détenus continuent à vivre le calvaire dans les prisons libyennes.