Le tribunal criminel près la cour de Ghardaïa a prononcé, hier, une condamnation à la peine capitale par contumace à l'encontre de l'“émir” Belmokhtar, accusé de l'assassinat de 13 douaniers en 2006 dans la région d'El-Menéa. Cité à comparaître hier devant la cour criminelle de Ghardaïa pour plusieurs chefs d'inculpation, entre autres homicide volontaire, création et appartenance à un groupe terroriste et destruction de biens publics, Mokhtar Belmokhtar, alias Abou El-Abbès, alias Belaouar “émir” de la 9e région du GSPC qui couvre toute l'immensité du sud du pays, et comme tout le monde s'y attendait, a brillé par son absence. En fait, celui-ci devait être jugé pour sa responsabilité dans l'affaire de l'assassinat de 13 douaniers, le 11 février 2006 à 7 heures du matin au lieu-dit Oued Chebir, à 40 km au sud d'El-Menéa, daïra située à 270 km du chef-lieu de wilaya Ghardaïa. Pour rappel, ce jour-là, une délégation de la Direction régionale des douanes de Béchar, composée de 21 personnes, dont le directeur régional Khebouza Abdelkrim, qui était à bord de sept véhicules 4x4 tout-terrains et se dirigeant vers Ouargla pour participer à une importante réunion régionale, se retrouva au petit matin presque nez à nez avec un convoi de trois véhicules tout-terrains Toyota type Station, qui filaient à vive allure à travers le désert. Croyant avoir affaire à des contrebandiers classiques, les douaniers donnèrent la chasse au convoi qui, se sentant menacé, bifurqua pour se retrouver en face de ses poursuivants. C'était en fait des terroristes, entre treize et quinze selon les survivants qui, sans aucun état d'âme, firent feu avec leurs armes automatiques et lourdes types RPG et FMPK, laissant sur le carreau 13 corps inertes. Selon l'un des survivants que nous avons rencontré, les 8 miraculés ne doivent leur salut qu'à l'instinct de survie de l'un des leurs qui dès que les balles ont commencé à siffler, s'enfuit à bord de l'un des véhicules et donna aussitôt l'alerte à ses responsables à Béchar qui, de leur côté, ont immédiatement alerté les autorités militaires. En moins de 40 minutes, deux hélicoptères militaires donnèrent la chasse au convoi terroriste qui s'était dirigé vers Ouargla. Rattrapés par la chasse aérienne, quatre véhicules furent entièrement détruits et leurs occupants éliminés. Mais point de Belmokhtar qui s'était, encore une fois, volatilisé dans ce désert qui l'a vu naître. Né le 11 juin 1972 à Ghardaïa, il est l'un des premiers islamistes algériens à prendre les armes en 1992 à son retour d'Afghanistan où il a participé à la guerre contre les Soviétiques, alors qu'il n'était âgé que d'à peine 20 ans. C'est justement là qu'il a hérité du sobriquet de Belaouar, “le borgne”, après qu'un éclat d'obus lui a fait perdre l'usage d'un œil. Rappelons que l'intéressé a déjà été condamné, par contumace, par le tribunal de Batna à la peine capitale, accusé à l'instar de son ancien comparse, Hassan Hattab, de constitution de groupe terroriste armé, atteinte à l'intégrité des intérêts de l'Etat, assassinat avec préméditation, incendie volontaire, vol et port d'armes prohibées. Marié à plusieurs femmes touaregs, il serait aux dernières nouvelles, selon nos interlocuteurs, chez lui au nord du Mali qui lui servirait de base arrière d'où il continuerait à se livrer à ses actions de contrebande qui fait florès dans pratiquement toutes les régions du Sahel et du Grand-Sud algérien. Il arrive, ainsi, à financer ses actions armées sanguinaires sans grande difficulté. À la tête de plusieurs dizaines d'hommes lourdement armés et bien entraînés aux rigueurs du climat et du terrain, et connaissant chaque coin et recoin de ce vaste territoire désertique et chaotique, il est, nous dit-on, d'une mobilité telle que sa localisation se fait extrêmement difficile. Par ailleurs, selon des sources concordantes, il semblerait que des tractations seraient toujours en cours afin d'amener Mokhtar Belmokhtar à déposer les armes, et ce, par la voie de plusieurs canaux. L. KACHEMAD