Le village de Thaourirth Yacoub des Ath Yaâla vient de commémorer, en ce mois mars 2010, un événement historique de la guerre de Libération nationale. Il s'agit d'une bataille dite de “Thaourirth Yacoub” qu'a vécue ce village situé à 1 km de la commune de Guenzet (80 km au nord-ouest de Sétif) le 28 mars 1960 durant laquelle deux fils du village sont tombés au champ d'honneur, après une farouche résistance. Il s'agit du chahid Mouloud Belouchat dit Mouloud Oumazouz, âgé alors de 40 ans, et du jeune Abdelhamid Regoui âgé de 20 ans. Cette bataille reste gravée dans la mémoire collective. Voici, en résumé, ce que dit un fascicule de l'association Nath Yaâla de Guenzet publié à l'occasion du 50e anniversaire de la mort de leurs martyrs : “La veille de la bataille, 3 moudjahidine – les 2 chahids et Mohabdine Laâla (encore vivant) – sont arrivés au village pour répartir les aides aux veuves de chouhada ainsi qu'aux familles des incarcérés. Leur mission accomplie, ils s'apprêtèrent, le matin du 28 mars 1960, à rejoindre le village de Thimenkach (village natal de la chahida Malika Gaïd) lorsqu'ils rencontrèrent un groupe de "harkis" qui devait rendre visite à leurs familles. L'un des harkis ayant reconnu Belouchat tira une rafale qui mit en alerte le commandement de l'armée stationné à Guenzet qui encercla aussitôt le village ou se replièrent les 3 moudjahidine. La diversion de Mohbedine, qui réussit à rejoindre le col de Thihriquine Errasfa en tirant des salves, n'a pas permis de rompre l'encerclement. Devant le refus des 2 moudjahidine de se rendre, embusqués dans la maison des Bouzidi, l'armée coloniale rassembla la population du village dans la mosquée puis encercla la maison pour tenter de les prendre vivants ; mais en vain. Le combat qui a duré près de 3 heures se solda par la mort d'un capitaine et la mise hors de combat (entre morts et blessés) de 4 autres soldats ; avant de tomber au champ d'honneur”. Au-delà des aspects commémoratif ou festif, avions-nous dit par ailleurs, qu'organisent les villages, il y a en fait un souci profond de préservation d'un système de valeurs humanistes que la colonisation avait tenté de détruire, car rempart efficace contre l'aliénation, que sont le travail, la solidarité, le respect, l'engagement et la foi. Il s'agit, en effet, d'une région cultivée et politisée dont les hommes et les femmes ont participé à tous les mouvements et révolutions. Qu'ils fussent dans la région ou en dehors, ils étaient toujours à l'avant-garde pour la liberté, la dignité et l'indépendance de leur pays. Cette Kabylie, à l'instar de plusieurs régions d'Algérie, est considérée comme l'un des bastions des révoltes. Elle a été une place forte du mouvement national en s'engageant, dès l'aube de la révolution du 1er Novembre 1954, dans la lutte armée. On cite trois batailles significatives : celles de Sidi M'hand Ouyahia en 1955, de Adrar n'Thilla (ou opération Dufour) en 1956 et celle du “grand ratissage” en 1958.