Sept mois après le lancement du plan de consolidation de la croissance économique en avril 2005, le président de la République procédera à partir de cette semaine à l'audition des principaux ministres au palais d'El-Mouradia. Les membres du gouvernement, qui gèrent les départements économiques et ceux des grands travaux, chantiers prioritaires du chef de l'Etat, seront soumis à un examen au cours des séances de travail présidées par Bouteflika et auxquelles prendront part outre les concernés, le Premier ministre, un conseiller à la présidence et le secrétaire particulier du chef de l'Etat qui, faut-il le rappeler, assume la tâche de chef de cabinet depuis la désignation de Larbi Belkheir comme ambassadeur à Rabat. Le grand argentier du pays, Mourad Medelci, assistera à toutes les réunions pour prendre note des décisions et des arbitrages arrêtés par le président de la République. Quant aux départements concernés par cet examen — initialement prévu pour fin août avant d'être reporté en raison du rendez-vous du 29 septembre dernier —, la liste a été ficelée et les ministres sont convoqués selon un timing fixé par les services de la Présidence après concertation avec ceux du palais Saâdane. Hamimid, Ghoul, Maghlaoui, Sellal, Barkat, Djaâboub, Khoudri, Mimoun défileront pendant plus d'une semaine au palais d'El-Mouradia pour exposer au président de la République le bilan de leurs secteurs respectifs et les perspectives immédiates. Comme lors des précédentes auditions, le chef de l'Etat posera toutes les questions sur, notamment, les grands chantiers auxquels il tient et qui bénéficient d'un suivi permanent de sa part. Le défi de la réalisation et la modernisation des infrastructures de base, facteur susceptible de relancer le marché de l'emploi et créer des richesses, constituent la principale priorité du gouvernement. Le respect des délais de réalisation, l'accélération des travaux, la multiplication des intervenants parmi les opérateurs et la qualité des travaux réalisés sont les aspects sur lesquels insiste le président de la République lors de chacune de ses sorties sur le terrain. De nouvelles instructions seront données par Abdelaziz Bouteflika aux ministres lors de ces réunions avec de possibles réévaluations de certains projets qui connaissent des retards, notamment dans le secteur de l'Habitat où la réalisation de un million de logements reste un challenge difficile, voire impossible à réaliser. L'occasion sera également celle de l'évaluation des ministres une année et demie après la réélection de Bouteflika. Ces réunions interviennent dans un contexte marqué par la propagation des rumeurs sur le changement du gouvernement de Ahmed Ouyahia sur fond de foyers de tension sociale et de menaces de grève. C'est peut-être à l'issue de ces séances que le chef de l'Etat sera fixé sur le sort qui sera réservé à l'équipe de Ouyahia. Les options du Président, quant à la forme du changement à opérer au sein de son Exécutif, seront connues très probablement après l'adoption du projet de la loi de finances 2006 par les deux Chambres du Parlement et le passage des élections partielles en Kabylie, prévues pour le 24 novembre prochain. Des rendez-vous importants attendent le gouvernement dont, notamment la réussite du dernier round de négociations pour l'adhésion à l'OMC qui aura lieu vraisemblablement fin novembre, la finalisation et la ratification du pacte économique et social en décembre et le parachèvement du dialogue avec le mouvement citoyen des archs de Kabylie sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. À ces importantes rencontres, il faut ajouter le chantier de la traduction de la charte pour la paix et la réconciliation nationale en textes de lois applicables sur le terrain. Un calendrier chargé pour le cabinet de Ahmed Ouyahia qui a bouclé il y a quelques jours son 29e mois à la tête de l'Exécutif. Mourad Aït Oufella