À l'heure de la globalisation, la communication ne figure toujours pas dans l'agenda des priorités des dirigeants, alors que l'Algérie s'ouvre à l'économie de marché et au monde extérieur. Ce constat a été établi, hier, par Malika Alloul, experte en communication institutionnelle. Lors d'une conférence de presse, qu'elle a animée au siège de l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP) à Alger, cette dernière a soutenu que “nous vivons dans une société bloquée”, où la communication “n'est pas privilégiée”. “Il ne suffit pas de se doter des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il faut plus que jamais se doter d'un plan national de communication qui va permettre aux institutions de l'Etat de communiquer avec l'environnement et le monde extérieur, d'une manière scientifique, organisée et adaptée à la réalité du terrain”, a expliqué la consultante et conseillère auprès de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Selon elle, toutes les institutions algériennes “doivent s'impliquer dans cette nouvelle stratégie pour mieux gérer leurs relations avec le citoyen”. Mme Alloul a clairement signifié que la rencontre avec les médias a pour but d'“attirer l'attention des décideurs”, car “nos institutions sont en régression sur le plan des relations”. “Les relations entre les institutions et le citoyen sont à l'état primaire”, a précisé la conférencière. Elle a également alerté sur les graves conséquences de ces “portes (qui) sont fermées” au niveau des communes et des ministères et noté que lorsque la communication existe, celle-ci est “approximative, non organisée, non unifiée et même non scientifique”. “Une mauvaise communication ou une situation de non-communication est synonyme de situation de blocage et de crises… Nous sommes en train de nous créer des crises”, a encore indiqué l'experte, en citant notamment le cas des jeunes harragas et les ravages de “la rumeur”. Pour Malika Alloul, les institutions de l'Etat doivent donc “construire” les relations avec la jeunesse “pour ne pas la laisser aller vers le pire” et “s'ouvrir aux doléances du citoyen pour que celui-ci sente qu'il est dans son pays”. Toujours selon elle, les institutions doivent aussi réhabiliter le rôle du chargé de la communication au lieu d'en faire “le dernier des derniers, celui qui a le petit rôle”. Aussi, la sortie de ce piège archaïque, la réduction des “grandes lacunes” dans le domaine relationnel et le dépassement de “la contradiction” entre le discours et la réalité du terrain passent, de l'avis de l'experte en communication, par l'élaboration d'un plan national de communication “capable de réguler les relations dans la société”. Un plan qui exigerait préalablement “la prise de conscience des décideurs”, nécessiterait “la formation” du personnel et permettrait, à l'exemple de l'expérience “réussie” de la DGSN, à chacune des institutions de l'Etat, de se doter de son propre plan de communication. “Je souhaite que les autres institutions de l'Etat prennent exemple sur la DGSN, car il n'y a pas que la police en Algérie à qui s'adresser en cas de problème”, a souligné Mme Alloul, en rappelant qu'actuellement des citoyens, ne sachant pas à qui s'adresser, “se présentent dans les commissariats et autres structures de la police pour poser leurs problèmes de logement, de chômage, de fuite d'eau dans les immeubles… Souvent, ces problèmes ne concernent pas le domaine sécuritaire”. L'intervenante a cependant signalé plus loin que la communication est une arme à double tranchant qui “risque de se retourner contre nous si elle ne repose pas sur l'ouverture d'esprit, sur une bonne connaissance de la réalité algérienne, des mentalités et des spécificités de nos régions”. Et d'ajouter : “La communication est une science qui a des règles.” Elle a également laissé entendre que “la réussite de la communication institutionnelle dépendra à la fois de la connaissance de la réalité du terrain, du sens de la responsabilité et des décisions à prendre dans l'intérêt général des citoyens”. H. Ameyar