L'opposition au Zimbabwe a revendiqué la victoire aux élections générales avant l'annonce officielle des résultats, en dépit d'avertissements du pouvoir qui met en garde contre un “coup d'Etat”. Tout porte à penser que le Zimbabwe court le risque d'une situation identique à celle traversée par le Kenya. La guerre peut éclater entre une opposition qui a déclaré qu'au stade des premiers résultats, il faudrait un miracle pour qu'elle ne remporte pas cette élection et Mugabe qui ne se voit pas lâcher un fauteuil qu'il occupe depuis plus de 25 ans. “Nous avons gagné cette élection”, a déclaré le patron du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Et si la commission électorale annonce des résultats différents de ceux issus des bureaux de vote, “nous ne l'accepterons pas”. “Nous n'accepterons pas une élection volée”, a-t-il averti. Les partisans de l'opposition sont descendus tôt hier dans les rues des banlieues populaires de la capitale Harare, chantant et dansant : “Le soleil s'est couché et le Vieux s'en va”, en allusion au soleil levant symbole d'un autre candidat, le dissident Simba Makoni, et au président octogénaire, Robert Mugabe, qui a mis en grade contre toute revendication prématurée. Le chef du MDC Morgan Tsvangirai annonce des résultats, déclare le MDC et lui-même vainqueur, se proclame président du Zimbabwe, et ensuite ? a lâché Mugabe. Pour l'opposition, leurs revendications précoces visent à protéger leurs résultats, ses membres ne font pas confiance à la commission électorale. Mugabe s'est défendu de chercher à truquer le vote, mais personne ne le croit lorsqu'il jure qu'il n'est pas dans ses habitudes de frauder aux élections et sa conscience ne le laisserait pas en paix si venait à tricher. Une équipe d'observateurs africains a exprimé, dès samedi, sa profonde inquiétude après la découverte de milliers d'électeurs fantômes dans un district du nord de Harare. L'opposition a misé sur l'état de déliquescence de l'économie qui rend la vie quotidienne insupportable : l'inflation dépasse l'entendement à plus de 100 000% par an, quatre adultes sur cinq sont au chômage et les produits de première nécessité ont disparu des magasins. Le délabrement économique de l'ancien grenier à grain d'Afrique australe est à mettre au crédit de Mugabe qui lui incombe ses échecs répétitifs aux sanctions imposées par l'Occident depuis sa réélection truquée en 2002. Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, s'est représenté pour un sixième mandat face à Morgan Tsvangirai et Simba Makoni, un ancien ministre des Finances entré en dissidence. Le pays court le danger d'une nouvelle épreuve quel que soit le gagnant. D. B.