L'Algérie, échaudée par ce qu'on pourrait appeler des relations intermaghrébines stériles, tant sur le plan politique que sur le plan économique, est en train d'aller chercher, un peu plus loin, en Egypte, ce qu'elle n'a pu trouver dans son espace immédiat. C'est donc dans cette optique qu'il faut entrevoir les relations algéro-égyptiennes. D'autant mieux que Hosni Moubarak en a à revendre sur le chapitre du réalisme politique et du pragmatisme économique. N'est-ce pas que l'Egypte ne fait pas mystère de son rôle de relais de la politique américaine au Proche-Orient, cependant, il faudra savoir ce que ce pays gagne en retour, ne serait-ce qu'en matière d'aide financière de l'Oncle Sam. Ceci pour dire que si Hosni Moubarak a décidé un rapprochement étroit avec l'Algérie, il faut bien se dire que d'une manière ou d'une autre, il y a sûrement des dividendes à tirer pour son pays. On peut en dire autant d'ailleurs de Abdelaziz Bouteflika. Rappelons-nous, il était un temps question d'intégrer l'Egypte, dans le fameux projet de l'union maghrébine à ses premiers balbutiements. L'idée pour des raisons de convenances personnelles de certains chefs d'Etat maghrébins avait vite fait d'être enterrée. Mais voilà aujourd'hui l'axe Alger-Le Caire est en train d'administrer le meilleur exemple de ce que devrait être la relation intermaghrébine. De la construction aux télécoms, l'entente économique entre les deux pays paraît parfaite, et c'est donc tout naturellement que Abdelaziz Bouteflika, qui a fait de l'investissement étranger en Algérie un des chevaux de bataille de sa stratégie de développement économique, accorde le plus d'attention à celui qui joint le geste à la parole. Abdelaziz Bouteflika, dès ses premiers pas en tant que président de la République algérienne, a orienté son action diplomatique vers la consolidation des relations de l'Algérie avec le monde arabe et africain et quand on connaît la place stratégique qu'occupe l'Egypte dans ce contexte, l'on comprend pourquoi, le chef de l'Etat a toujours entretenu de bonnes relations avec les dirigeants égyptiens avec à leur tête le président Hosni Moubarak. Algériens et Egyptiens sur un plan politique ne peuvent l'être que d'une manière complémentaire. Et c'est peut-être le cas présentement face à l'ambitieux projet de l'union pour la Méditerranée du président français Nicolas Sarkozy qui fait sur la rive sud du bassin méditerranéen de l'Algérie et de l'Egypte des interlocuteurs privilégiés. Et ce qui ne gâte rien, c'est la convergence de vues sur la relance du processus de paix dans la région où le président Moubarak, tout autant que la diplomatie algérienne, multiplie ses efforts afin que puissent être surmontées les divergences inter-palestiniennes. En effet, la question proche-orientale n'a jamais opposé Le Caire et Alger qui ont du reste toujours conjugué leurs efforts dans le sens d'une unité d'action arabe. Sur ce point précis, chacun de son côté, président algérien et président égyptien se sont distingués sur la scène internationale ou régionale. Le niveau actuel de coopération économique entre les deux pays n'a jamais été égalé. L'Egypte est devenue, ces dernières années, en particulier en 2008, le premier investisseur hors hydrocarbures, de la sphère sud, arabo-africaine. Les investissements égyptiens en Algérie s'élèvent à 4 milliards de dollars. L'Algérie et l'Egypte vont créer des sociétés mixtes dans le domaine des hydrocarbures. “Les ministres et les experts des deux pays ont pu identifier des possibilités extrêmement encourageantes de coopération dans le secteur de l'énergie, où des sociétés mixtes vont voir le jour dans l'exploration et la liquéfaction du gaz”, devait indiquer, il y a quelques semaines, notre ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci. Ce dernier indiquait encore que des entreprises égyptiennes avaient “des intentions très fermes pour se développer dans les filières industrielles, de la sidérurgie et de l'aluminium”. Sur le plan des échanges commerciaux entre les deux pays, les exportations algériennes vers l'Egypte ont atteint 100 millions de dollars à la fin du 1er semestre 2007 contre 60 millions USD d'importations à la même période. Enfin, il y a lieu de signaler que notre entreprise nationale Sonatrach est présente en Egypte après avoir décroché en partenariat avec le groupe norvégien Statoil un bloc d'exploration pétrolière situé dans un offshore méditerranéen profond d'Egypte. Zahir Benmostepha