Le système financier et les procédures douanières et administratives sont, pour les Egyptiens, un frein pour l'investissement en Algérie. Les Egyptiens ne sont pas satisfaits du volume des échanges commerciaux avec l'Algérie. Des échanges qui n'ont pas dépassé les 800 millions de dollars en 2007. « Ils ne s'élèvent pas au niveau de l'excellence des relations politiques entre nos deux pays », a regretté, hier en début de soirée, Ahmed Mahmoud Nadhif, le président du Conseil des ministres égyptien, à l'ouverture, au Palais du gouvernement à Alger, des travaux de la 6e session de la haute commission algéro-égyptienne. Il y a nécessité à supprimer les obstacles qui freinent le mouvement des marchandises et des capitaux. Il s'agit, notamment, des obstacles liés au système financier et aux procédures », a-t-il précisé, appelant à un effort commun pour assainir « le climat de travail » pour les opérateurs économiques. Il s'est félicité que les investissements égyptiens en Algérie aient atteint la barre de 4 milliards de dollars à la fin 2007. Une grande partie de ce résultat est réalisée par l'opérateur de téléphonie Orascom. Les Egyptiens investissent également dans la pétrochimie, l'énergie, les matériaux de construction et l'agriculture. « C'est la preuve que le marché algérien, les marchés arabes en général, sont attractifs pour peu qu'on accorde des facilités pour la concrétisation des projets », a appuyé Ahmed Mahmoud Nadhif. Il a mis l'accent sur les résultats réalisés par l'économie égyptienne en citant la valeur des exportations qui avoisine les 22 milliards de dollars. Relance de la coopération Il a salué la contribution du secteur privé égyptien dans le développement de l'investissement en Algérie et a souhaité intensifier les projets mixtes pour être « à la hauteur de la concurrence sur le marché mondial ». Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement, a, pour sa part, souligné le fait que l'Egypte soit le premier investisseur arabe en Algérie. Il a rendu hommage aux hommes d'affaires qui ont aidé à intensifier les relations économiques entre les deux pays. Les opérateurs économiques, dont le patron du principal groupe égyptien Arab Contractors, se sont rencontrés hier soir à l'hôtel Sheraton, à l'ouest d'Alger, où se tient une exposition présentant les produits du pays des Pharaons. Abdelaziz Belkhadem, qui a semblé ne pas partager les regrets de son homologue égyptien, a appelé à « bâtir des bases solides » pour une relance de la coopération entre les deux pays. « C'est une coopération stratégique qui prend en compte les échanges commerciaux, les relations financières, l'investissement et les questions scientifiques et culturelles », a-t-il indiqué, insistant sur la nécessité d'ôter « tout ce qui peut influer négativement » sur l'intensification des échanges. « Les ministres et les experts des deux pays ont pu identifier des possibilités extrêmement encourageantes de coopération dans le secteur de l'énergie, où des sociétés mixtes vont voir le jour », a annoncé, à l'agence APS, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, citant l'exploration et la liquéfaction du gaz. Abdelaziz Belkhadem a appelé l'Egypte à soutenir l'Algérie pour accéder à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Un appui extensible au groupe des pays arabes membres de l'organisation multilatérale. L'Algérie et l'OMC sont déjà au dixième round de négociations pour une éventuelle accession. Abdelaziz Belkhadem a évoqué aussi « les efforts » menés actuellement pour adhérer à la grande zone arabe de libre-échange. « dialogue économique » De son côté, Ahmed Mahmoud Nadhif a fait un plaidoyer pour « l'intégration économique arabe » et appelé à « approfondir le dialogue économique » avec l'Algérie. Une trentaine de textes, accords et mémorandums d'entente ont été signés à l'issue de la présente session de la commission mixte. Ils portent sur le commerce, l'industrie, les transports, la santé, le bâtiment, les télécommunications, l'enseignement supérieur, l'information et la culture. Selon Ahmed Mahmoud Nadhif, la prochaine session, qui devrait se tenir au Caire, sera dirigée par le président Hosni Moubarek. « Nous voulons que la commission mixte soit dorénavant présidée par les chefs d'Etat des deux pays », a relevé le Premier ministre égyptien. Six ministres accompagnent Ahmed Mahmoud Nadhif à Alger. Il s'agit, entre autres, de Youcef Boutros Ghali, ministre des Finances, de Ahmed Abou El Gheïth, ministre des Affaires étrangères, et de Mahmoud Mohiedine, ministre des Investissements. Le secrétaire général du Fonds social pour le développement, qui a rang de ministre, est aussi du voyage. Ce fonds apporte surtout un soutien aux projets de petites et moyennes entreprises (PME). Sur le plan politique, Ahmed Mahmoud Nadhif remettra aujourd'hui au président Abdelaziz Bouteflika une lettre de son homologue égyptien, portant notamment sur des questions régionales et internationales. A noter enfin que la dernière session de la haute commission mixte remonte à 2005 au Caire. Elle avait été suivie par la signature d'une douzaine d'accords.