Huit hommes accusés de tentatives d'attentats en 2006 avec des explosifs liquides préparaient une attaque coordonnée contre au moins sept avions assurant des liaisons transatlantiques qui aurait provoqué un véritable “carnage”, a affirmé jeudi le procureur à leur procès à Londres. Au deuxième jour de leur procès, prévu pour durer huit mois, le procureur Peter Wright est entré dans le vif du sujet en affirmant que le complot “avait pour objectif d'infliger de lourdes pertes parmi une population civile victime malgré elle, tout cela au nom de l'islam”. Le groupe est accusé d'avoir projeté en août 2006 de commettre des attentats suicide dans au moins sept avions reliant l'aéroport londonien d'Heathrow, l'un des plus importants au monde, avec le Canada (Toronto, Montréal) et les Etats-Unis (New York, Washington, Chicago, San Francisco). “Pour eux, l'identité de leurs victimes n'avait aucune importance et leur but était de provoquer des attentats ayant un réel impact mondial”, selon lui. “La méthode consistait à procéder à une série d'explosions coordonnées et mortelles. Ces hommes, les hommes qui sont assis dans le box, ne se souciaient pas du carnage qu'ils allaient sans aucun doute provoquer en cas de réussite de leur projet”, a indiqué M. Wright. Selon ce dernier, ils comptaient injecter des explosifs liquides au fond de bouteilles en plastique de Lucozade et Oasis, deux marques de boissons assez répandues. Le groupe “n'était pas loin” de mettre son plan à exécution et avait discuté avec 18 kamikazes potentiels avant d'en sélectionner sept, ou même plus, vols transatlantiques opérés par les compagnies United Airlines, American Airlines et Air Canada qui devaient tous décoller en l'espace de deux heures trente, a poursuivi M. Wright. “Si chacun de ces appareils avait explosé, les pertes potentielles de vies humaines auraient été considérables”, a-t-il souligné. Les huit accusés sont Abdulla Ahmed Ali, dit Ahmed Ali Khan, Assad Sarwar, Tanvir Hussain, Mohammed Gulzar, Ibrahim Savant, Arafat Waheed Khan, Waheed Zaman et Umar Islam, alias Brian Young. Ils ont entre 23 et 29 ans, sont tous Britanniques et originaires d'Asie du Sud. Tous nient les charges retenues contre eux : conspiration en vue de commettre des meurtres et conspiration en vue de commettre un acte susceptible de mettre en danger la sécurité d'un avion. Le complot présumé visait à introduire à bord d'avions des composants explosifs sous forme liquide afin de déjouer les contrôles de sécurité qui à l'époque ne visaient pas spécifiquement les liquides. Des bombes auraient été confectionnées une fois à bord des appareils et déclenchées en vol. La révélation du complot avait entraîné des mesures strictes de sécurité sur les avions de ligne, limitant les passagers à un seul bagage accompagné et exigeant notamment qu'ils n'emportent en cabine que des récipients n'excédant pas 100 ml. Cette dernière est toujours en vigueur. Cette affaire avait fait grand bruit dans un pays déjà placé en alerte terroriste renforcée depuis les attentats à Londres du 7 juillet 2005, qui avaient fait 56 morts dans les transports publics de la capitale britannique, dont les quatre kamikazes. R. I./Agences