Un hypertendu qui est bien suivi et qui respecte les indications médicales mènera une vie normale, c'est pourquoi les médecins insistent sur le suivi permanent de cette frange de patients. Même si l'hypertension est considérée aujourd'hui comme un simple facteur de risque, il n'en demeure pas moins que le non-respect des prescriptions médicales et d'une hygiène de vie rigoureuse peuvent s'avérer fatals pour les patients indisciplinés. Ces derniers sont, en effet, sous la menace de graves complications (atteintes du cerveau, du cœur, du rein, de l'œil et de tout l'arbre artériel). Chez ces sujets non disciplinés — ceux qui ne prennent pas leur traitement de manière régulière et n'observent pas une bonne hygiène de vie —, les risques d'accidents vasculaires cérébraux sont plus grands avec toutes les complications que ceux-ci induisent : mortalité, perte de vue et aphasie (perte de la parole). Pour éviter justement ces graves complications, les hypertendus sont tenus d'observer scrupuleusement les recommandations des médecins en matière de prise des médicaments ou de respect d'une hygiène de vie saine (alimentation sans gras et activité sportive). L'étude menée par les laboratoires Sanofi Aventis sur un échantillon de 2 425 malades a démontré malheureusement que seuls 23,5% d'entre eux sont équilibrés et atteignent ce que les médecins appellent dans leur jargon “la cible tensionnelle”. Pourquoi un taux aussi bas ? Lors du 6e congrès de la Société algérienne de l'hypertension artérielle, qui s'est tenu les 5 et 6 avril derniers à l'hôtel El-Aurassi d'Alger, des spécialistes ont planché sur la question. Selon eux, des raisons économiques ont fait que certains malades ne suivent pas leurs traitements et ne respectent pas leur régime même si, depuis la prise en charge par la Caisse nationale de la sécurité sociale (Cnas) de cette frange de patients, l'inobservance de la prise des médicaments a sensiblement diminué. D'autres facteurs empêchant l'hypertendu de parvenir à un équilibre sont avancés par ces spécialistes : l'obésité, l'insuffisance rénale, le diabète, l'ancienneté de la pathologie chez le sujet et, enfin, l'âge (entre 65 et 79 ans). Pour cette deuxième catégorie, l'équilibre de la tension artérielle est difficile à atteindre, car ces malades prennent beaucoup de médicaments (pour les maladies suscitées et pour l'hypertension). Pour les spécialistes réunis pendant ce congrès, il faut atteindre un taux plus élevé d'hypertendus équilibrés chez qui la tension artérielle ne présenterait pas de risque. Il y a lieu de signaler que la mesure de la pression artérielle diffère d'un sujet à un autre selon qu'il soit sain ou atteint d'autres pathologies. Pour atteindre cet objectif, les spécialistes préconisent nombre de mesures à prendre dans l'immédiat.“Il faut former les médecins généralistes au suivi des hypertendus. La confiance du malade en son médecin est primordiale pour atteindre la cible tensionnelle chez l'hypertendu”, recommande le professeur Nibouche, du service de cardiologie de l'hôpital Parnet. Pour sa part, le président de la Société algérienne de l'hypertension artérielle et chef de service de médecine interne du CHU de Bab el-Oued, le professeur Berrah, estime que “cette étude a démontré le taux actuel des hypertendus équilibrés. Nous avons aujourd'hui des données chiffrées et nous essayerons de les améliorer en formant les médecins à une meilleure prise en charge des malades et en éduquant ces derniers au respect des prescriptions et de l'hygiène de vie les plus appropriés pour eux”. Ce congrès a certes permis aux spécialistes d'échanger leurs expériences, mais il a aussi été l'occasion de révéler qu'en matière de prise en charge des hypertendus, beaucoup reste à faire. S. Ibrahim