La paix est revenue dans la région, mais, malheureusement, les habitants de ces deux localités vivent, cependant, dans la misère. Le terrible calvaire des familles, victimes des massacres collectifs perpétrés au début du mois de Ramadhan 1996 à Aïn Tarek et Ramka, dans la wilaya de Relizane, demeure long et interminable. En effet, dix ans après ces horribles carnages qui ont coûté la vie à des citoyens innocents et sans défense habitant des zones extrêmement reculées, les familles victimes de ces actes terroristes vivent toujours dans la douleur et la misère à tous les niveaux. Aujourd'hui, ces mêmes familles réclament justice et demandent aux hautes autorités du pays de prendre sérieusement leur énième SOS en considération. “La situation sociale de chaque famille est de plus en plus catastrophique. Cela fait une décennie que nous bataillons vainement pour que justice nous soit rendue, et pour que des solutions définitives et adéquates soient trouvées à nos problèmes après avoir tout perdu durant cette abominable, voire inoubliable attaque terroriste. En plus des difficultés relatives à l'emploi et au logement, entre autres, que nous rencontrons, on vient de mettre fin aux indemnisations accordées par l'Etat et qui reste incomplètement perçu puisque nous n'en avions touché que quelques tranches”, feront savoir de nombreuses familles que nous avons rencontrées alors qu'elles se plaignaient auprès de l'Organisation nationale des familles victimes du terrorisme à Chlef. Pour sa part, le secrétaire général de ladite organisation, Soltane Brahim, a expliqué à ce propos qu'il a reçu dernièrement pas moins de 100 familles venues de Ramka et de Aïn Tarek pour se plaindre à son niveau. “Ce qui vient de se produire n'est pas du tout conforme à la réglementation en vigueur, car si l'on consulte l'article 44 de la charte de la réconciliation nationale, il stipule que lorsque la victime de la tragédie nationale était âgée de plus de 60 ans et non affiliée à une caisse de retraite, ses ayants droit bénéficient d'un capital global d'indemnisation équivalent à 100 fois plus le montant de 10 000 DA, à savoir un total de 192 millions de centimes à verser à chaque victime concernée. Or, ce n'est aucunement le cas pour ces nombreuses familles qui n'ont perçu chacune, à ce jour, que la somme de 72 millions de centimes qui leur a été attribuée par tranche. Ajouté à cela, ces mêmes familles qui viennent quotidiennement taper aux portes de notre organisation, manquent de tout et ne disposent actuellement d'aucune ressource financière leur permettant de subvenir à leurs multiples besoins. Au moyen de leurs doléances présentées à notre niveau, ces misérables familles tirent la sonnette d'alarme au sujet des mauvaises conditions de vie qu'elles mènent depuis des années. Elles sont totalement marginalisées par les pouvoirs publics et réclament une prise en charge matérielle et surtout médicale. Elles ne sont pas assurées et ne perçoivent pas d'allocations familiales. Quant aux taux de pourcentage qui leur est attribué sur le plan médical, il demeure très bas par rapport aux normes nationales définies par l'Etat. Elles n'ont jamais bénéficié de logements ni d'emplois et vivent actuellement éparpillées dans des maisons de fortune ou chez des proches dans des endroits isolés. Que Djamel Ouled Abbès assume ses responsabilités et prenne leur SOS en considération. Me concernant, en ma qualité de secrétaire général de l'Organisation des familles victimes du terrorisme, destinataire de l'ensemble des doléances de ces pauvres et malheureuses familles, j'œuvrerai avec acharnement jusqu'à satisfaction de leurs revendications en soulevant le problème à un haut niveau”, assure Soltane Brahim. AHMED CHENAOUI