La Banque d'Algérie pourra-t-elle freiner indéfiniment la baisse de la valeur de la monnaie nationale ? Le marché parallèle de la devise est en train de prospérer. Avec la flambée de la monnaie unique, et son cycle incessant de hausses, de multiples affaires se nouent et se dénouent au regard des marges entre l'achat et la vente. Il faut aujourd'hui 112 dinars pour un euro sur le marché parallèle, 107 dinars sur le marché officiel. Cet écart entre taux officiel et taux non officiel même faible par rapport au différentiel enregistré au cours de la dernière décennie favorise les transactions sur le marché noir. Pour les particuliers, entre fin décembre et début avril, il faut cinq dinars de plus. L'euro était coté à 102 dinars fin décembre. Il s'échange aujourd'hui à 107 dinars. Pour le commercial, il fallait 97 dinars. L'euro vaut aujourd'hui 102 dinars pour les transactions commerciales. La hausse est d'environ 5% depuis le début de l'année. Sans l'intervention de la Banque centrale, la chute du dinar par rapport à la monnaie unique aurait été beaucoup plus importante, l'appréciation de l'euro par rapport au dollar ayant dépassé les 10% sur les marchés internationaux. Comme les achats de l'Algérie proviennent à moitié de l'Union européenne, cette hausse de l'euro renchérit les importations. Elle contribue avec l'augmentation des produits de base sur les marchés internationaux à la flambée des prix. Jusqu'à présent, aucun mécanisme, en dehors des interventions de la Banque d'Algérie n'a été mis en branle pour protéger les opérateurs et partant les consommateurs contre les fluctuations des taux de change. Bien que revendiqué depuis longtemps par des associations patronales, les pouvoirs publics rechignent jusqu'à présent à mettre en œuvre le mécanisme de change à terme. Cette hausse freinée de l'euro pose une problématique de fond : comment briser l'asymétrie, à la suite des experts dans les échanges commerciaux de l'Algérie. Comment, en d'autres termes, mettre fin à cette tendance : l'Algérie vend en dollars et achète en euros. L'une des solutions proposées consiste à profiter de la stabilité du dinar par rapport au dollar américain en important davantage dans la zone dollar. Cela induit à une plus grande flexibilité du commerce extérieur algérien, un plus grand professionnalisme des opérateurs. En tout état de cause, les importations de Chine en forte croissance contribuent à amortir la flambée des prix. Mais, dans beaucoup de cas au détriment de la qualité. L'autre solution suggérée serait de facturer les ventes de gaz sur les marchés de l'UE en euros. Les avantages et les inconvénients de cette alternative n'ont pas été jusqu'à présent cernés. En attendant, tout repose sur l'action de la Banque centrale. Si l'euro continue à battre des records en 2008, la Banque d'Algérie pourra-t-elle indéfiniment amortir la chute du dinar ? N. Ryad