Cette problématique est l'un des thèmes qui seront débattus en marge du Salon international de la production et de la santé animales (Sipsa), qui se tiendra du 14 au 17 mai prochain, au Palais des expositions des Pins Maritimes à Alger. L'Algérie est un pays autosuffisant en œufs à couver et poussins “ponte et chair”, mais elle reste dépendante de l'importation du cheptel de reproduction, de certains équipements, des produits vétérinaires et vaccins et de la quasi-totalité des composants alimentaires. L'Association nationale de la filière avicole (Anfa) craint pour l'avenir de la profession. Cette dernière sera, selon les dirigeants de cette organisation, difficile à cause de la flambée des prix des céréales sur le marché international, des accords avec l'Union européenne et l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La hausse des prix des céréales n'a pas été sans conséquence sur l'exploitant. Celui-ci est, dans la majeure partie des cas, contraint de surseoir à son activité. Ce qui a engendré un affaiblissement de la demande en facteurs de production. “Des réformes de reproducteurs anticipés ont été décidées. Des centaines de milliers de poulettes démarrées sont en attente d'être vendues”, souligne-t-on à l'Anfa. Certains opérateurs ont, ajoute-t-on, carrément abandonné leur métier, tandis que d'autres, criblés de dettes, continuent malgré eux à subir les affres du marché. “La situation est tellement alarmante que le secteur de l'aviculture risque de s'effondrer si des mesures appropriées et urgentes ne sont pas prises”, déplore l'association. Les membres de l'Anfa constatent une stagnation, voire une diminution du tarif de vente, alors que le prix de revient est en nette augmentation. La maîtrise des coûts de production et la compétitivité constituent actuellement une nécessité vitale pour les exploitants. Par conséquent, une réduction de la production, c'est-à-dire des quantités à placer sur le marché s'avère indispensable, indiquent-ils, afin de rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande. Une hausse des prix à tous les niveaux est, de ce fait, inévitable. Les exploitants n'écartent pas le risque de perdre quelque 50 000 postes d'emploi d'autant plus que de multiples exploitations individuelles sont d'ores et déjà à l'arrêt. L'Anfa précise que les importations annuelles de reproducteurs “chair” sont, en moyenne, de l'ordre de 3 millions de poussins dont 15% de mâles. Avec 2,340 millions de reproductrices et à raison d'une production de 120 œufs à couver par poule et 70% d'éclosion, le nombre de poussins produits se situe, selon la même source, aux alentours de 200 millions de sujets. La production correspondante est de 180 millions de sujets d'un poids moyen vif de 2,4 kg. À l'abattage, la production totale en viande de poulet prêt à la cuisson est de 290 000 tonnes. Les autres viandes qui proviennent des réformes et de l'engraissement de dindes sont estimées respectivement à 22 000 tonnes et à 30 000 tonnes. Certains opérateurs ont abandonné leur métier alors que d'autres sont endettés Ce qui porte la production totale en viande blanche consommable à 342 000 tonnes. L'association note aussi que la quasi-totalité des composants alimentaires est importée. La demande étant de plus en plus croissante, les opérateurs ainsi que les pouvoirs publics doivent prendre en considération ce problème. La consommation d'aliments représente, rappellent les membres de l'Anfa, à elle seule, près de 70% du prix de revient. Ils interpellent les autorités compétentes car, avouent-ils, “une telle situation risque d'hypothéquer l'avenir de la profession”. En outre, la comparaison des niveaux de consommation d'aliments avec ceux de la production d'œufs et de viandes révèle des manques à produire considérables. L'Anfa attire également l'attention des pouvoirs publics quant au “risque de rupture de stocks des matières premières alimentaires qui mettrait en danger de mort les cheptels mis déjà en place”. Cela est dû, argue-t-on, aux difficultés des importateurs tant l'Onab que le privé, à mobiliser les fonds de plus en plus importants, exigés par les fournisseurs de céréales et des oléagineux. L'organisation que préside M. Mezouane Mokrane déplore encore les tueries improvisées et les mauvaises conditions sanitaires dans lesquelles est abattue la volaille. Cette problématique est, faut-il le préciser, l'un des thèmes qui fera l'objet de larges débats prévus en marge du Salon international des productions et de la santé animales (Sipsa) qui se tiendra du 14 au 17 mai prochain au Plais des Expositions des Pins Maritimes à Alger. Organisé par la société Expovet pour la huitième année consécutive, le Sipsa a atteint, désormais, une véritable dimension internationale de par le nombre et surtout la qualité des participants. Par ailleurs, cette édition revêt un cachet particulier car sa tenue coïncide avec un autre événement et non des moindres : la tenue du 25e Congrès maghrébin vétérinaire (CMV) qui traitera, entre autres points nodaux, l'impact des changements climatiques sur la santé et les productions animales. Il n'est donc point un hasard si la société algérienne de médecine vétérinaire (SAMV), organisatrice de cette édition à Alger, dédie le thème principal de cette rencontre à ce sujet de l'heure. La SAMV projette, en collaboration avec l'Union maghrébine des associations vétérinaires (Umavet) la tenue d'ateliers où de nombreux sous thèmes seront abordés. La production laitière et la couverture des besoins nationaux avec ce produit seront d'ailleurs un autre point à discuter dans l'atelier réservé à l'application des biotechnologies à la reproduction bovine. La problématique posée a trait, bien entendu, à cette fameuse hausse des prix de la poudre du lait sur le marché international qui n'a pas été sans conséquence sur le fonctionnement de la filière en Algérie. La commercialisation du lait pasteurisé en sachet a connu, en effet, de sérieuses perturbations pendant de longs mois. La production de lait pasteurisé qui représente 90% de l'activité des laiteries est tributaire des importations de la poudre sachant que le lait de vache collecté n'a qu'un taux d'intégration de 30%. Selon certaines statistiques, l'Algérie ne compte que 900 000 vaches laitières. D'où l'intérêt de continuer à importer ce produit. Or, des enjeux politico-économiques résultant du retrait de la subvention aux exportations au sein de l'Union européenne constituent aussi une autre raison qui a favorisé cette hausse. Badreddine KHRIS