Des quantités monstrueuses d'huiles et de lubrifiants usagés, fortement dégradées et contaminées, sont quotidiennement déversées en toute impunité dans les réseaux d'évacuation des eaux usées. Elles sont, aussi, rejetées dans le milieu naturel où, déjà, les ordures ménagères constituent une grande menace pour l'écosystème et la santé humaine et animale. L'état des lieux est sombre comme le font signaler des citoyens de la commune de Chemora. L'impact sanitaire de cette pollution persistante est difficile à évaluer pour l'instant, mais vu l'évolution ou la progression du phénomène, il y a de quoi être inquiet, sachant qu'aucune pollution n'est inoffensive d'essence. La pollution de l'environnement humain, des terres agricoles et des eaux souterraines de la commune de Chemora est sujette d'anxiété de certains citoyens qui la mettent déjà à l'index. “Allez du côté de l'embouchure du réseau d'évacuation des eaux usées, vous allez vous rendre compte vous-même de la catastrophe. Ce sont toutes les terres formant le proche voisinage qui sont menacées de pollution”, témoignent, encore, nos interlocuteurs. Du côté des élus locaux, c'est le même langage et les mêmes inquiétudes. “C'est catastrophique ! Nous les (les propriétaires des ateliers de mécanique, des stations de vidange et des stations de lavage, ndlr) avons beau conseillé, mais rien à faire avec eux. Il ne leur a pas suffi de les déverser dans les égouts, certains se sont permis de les faire écouler sur le trottoir”, nous confie un adjoint au maire. Les élus de la nouvelle APC de Chemora, qui ont hérité de la situation, essaient de trouver une solution à l'amiable à ce problème pour éviter des frictions entre les tribus que certaines personnes trouvent dans toute décision de fermeture une sorte de “katâ razek”. En attendant une décision sage, le phénomène du rejet des huiles et des lubrifiants usés dans la nature à Chemora va en augmentant et la pollution devient de plus en plus menaçante. Cette pollution est la conséquence directe de la prolifération des ateliers de mécanique, des stations de vidange, des stations de lavage, auxquels le chef-lieu de Chemora, dans la wilaya de Batna, est en train d'assister, impuissant. Ils poussent comme des champignons ! Les raisons, qui ont favorisé cette prolifération des stations de vidange et des stations de lavage, sont l'augmentation du parc roulant, surtout les cars, les bus et les camions ainsi que l'insignifiante indemnité forfaitaire de l'eau. “Ces stations de vidange et de lavage ne disposent pas de compteur d'eau. Ils ne payent qu'une facture forfaitaire”, font signaler les citoyens. Le gaspillage de l'eau est effarent. “Ils ont fait de Chemora une grande poubelle où ils viennent débarrasser leurs véhicules de leurs salissures”, font remarquer les mêmes interlocuteurs. Déjà la commune de Chemora souffre d'un taux très élevé des nitrates dans ses eaux souterraines. Ces nitrates proviennent pour l'essentiel des engrais agricoles, les matières organiques rejetées par les collectivités ou les élevages. Les activités des ateliers de mécanique, des stations de vidange et de lavage devraient être soumises à une surveillance rigoureuse. Pour savoir ce qui se passe, une enquête publique, sur décision du wali, devrait être ordonnée pour sauver les nappes phréatiques et la nature d'une véritable pollution criminelle. Des prélèvements d'échantillons représentatifs doivent être pris et des analyses effectuées pour évaluer le niveau de pollution et voir s'il a atteint un niveau alarmant. B. Boumaïla