La quasi-totalité de ces malades ne trouve son salut que dans la purification du sang par hémodialyse, la transplantation rénale étant encore à son stade embryonnaire. Les spécialistes arabes présents à ce 10e congrès arabe, qui ce tient depuis ce samedi à l'hôtel El-Aurassi à Alger, ont annoncé que la transplantation de reins prélevés sur des cas de comas dépassés (non sur des cadavres) est largement pratiquée dans leur pays. En Algérie, cette pratique, qui avait été amorcée à Constantine en 1999, a connu aussitôt un coup d'arrêt. Le Pr Attik Hacène, chef de service néphrologie au CHU de Constantine, révèle : “Nous avons réalisé 5 greffes du reins prélevés sur des cadavres.” Pour rappel, une transplantation coûte 180 millions de centimes. Cela a fait réagir le Pr Rayane, secrétaire général de la Société algérienne de néphrologie, qui précise : “Une seule séance d'hémodialyse revient à 8 000 DA à l'hôpital et à 10 000 DA dans les cliniques privées.” Cette remarque du professeur Rayane démontre l'intérêt économique de la greffe qui soulage et libère le malade des séances de purification de sang. En moyenne, un hémodialysé condamné à la machine revient à 125 millions de centimes par an, s'il est pris en charge à l'hôpital public. La greffe est de loin la meilleure des solutions et pour le malade et pour la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnas). Cette option, peu onéreuse, peu douloureuse et que maîtrisent les chirurgiens algériens demeure une exception au lieu d'être généralisée. Pour le moment, les seules transplantions qui ont lieu se font de donneur vivant à receveur vivant, et la loi est claire à ce sujet : les dons d'organes ne sont permis que lorsqu'il s'agit de membre de la même famille. Malgré les fetwas des oulémas et les recommandations des médecins, les Algériens sont peu enclins à la culture du don d'organes qui a montré des résultats probants dans les pays qui l'ont adoptée. En Algérie, personne n'accepte que des organes soient prélevés sur un membre de sa famille en coma dépassé. La raison principale qui empêche le citoyen algérien d'accepter ces prélèvements, c'est la religion : en voyant son parent vivant avec assistance médicale, il se remet à Dieu, Le Tout-Puissant, qui peut ressusciter les morts. Mais il refuse de croire à la science, insufflée elle aussi par Dieu aux médecins pour qui la mort cérébrale est un diagnostic final et sans appel. Dans les autres pays musulmans et notamment au Moyen-Orient, les citoyens ont accepté les fetwas des oulémas mais, en Algérie, cette culture tarde à trouver des adeptes. Cette situation a engendré de facto une longue liste de malades en attente d'une hypothétique transplantation rénale. Ils sont 300, les insuffisants rénaux en phase critique pour qui seule une greffe est salutaire. Par ailleurs, la transplantation est une solution définitive, qui soulage le malade et lui évite aussi d'autres complications, comme l'anémie et les hépatites, sans compter les autres risques inhérents aux maladies nosocomiales qu'il peut aussi contracter. La greffe, pour les participants à ce congrès, est “la meilleure des solutions”. L'Algérie est appelée à redoubler d'efforts pour parvenir à un plus grand nombre de transplantés. À ce jour, seulement 116 opérations du genre ont été réalisées. Saïd Ibrahim