Le débrayage des travailleurs de la Fonction publique s'est poursuivi hier. Si l'est du pays s'est relâché, l'Ouest durcit le ton. Dans la guerre des chiffres sur le taux de suivi, les regards sont braqués sur le sit-in d'aujourd'hui devant le Palais du gouvernement. Le second jour de la grève a été diversement suivi à l'est du pays. Ainsi, à Constantine, le taux de participation à la grève a été jugé insignifiant, par rapport au niveau de mobilisation, lors des deux derniers débrayages. Il n'a pas dépassé le seuil des 50% dans le secteur de l'éducation. Du côté de l'administration, la grève n'a pas été suivie. Concernant la santé, les chiffres donnés demeurent en deçà des estimations des organisateurs puisqu'ils n'ont pas dépassé les 25%. Il est à signaler que la coordination n'écarte pas le boycott des examens si leurs revendications “ne sont pas prises au sérieux”. Selon le coordinateur de wilaya des syndicats autonomes, M. Namous, le mouvement de protestation initié pour la troisième fois, au cours de cette année, “devra continuer jusqu'à l'aboutissement des revendications des travailleurs”. Par ailleurs, les maîtres-assistants en sciences médicales qui observent une grève de deux jours, depuis dimanche dénoncent, ce qu'ils qualifient de “marginalisation et d'absence d'un dialogue responsable de la part de la tutelle”. La revalorisation du régime indemnitaire et la révision des grilles de salaires sont leurs revendications principales. À Bordj Bou-Arréridj, le taux de suivi oscille entre 0% et 10% dans les paliers moyen et primaire. Le secondaire est le seul à dépasser les 78%, selon le représentant local du Cnapest. Côté administration, l'on annonce que le débrayage a touché deux secteurs à savoir l'éducation et la santé. Dans l'éducation sur les 10 400 employés, 1 104 ont répondu favorablement à l'appel, soit 9,85%. Dans le secteur de la santé, seuls 16 médecins ont débrayé sur 311 que compte ce secteur, soit 5,14%. À Batna, le mouvement de grève s'est légèrement durci et les taux d'adhésion ont connu une certaine hausse. Le représentant syndical de l'Inpes évoque une adhésion de 55%. Le bureau local du Cnapest annonce que 49 sur 53 établissements secondaires sont complètement paralysés, soit un taux de 92,45%. La même source précise que 80% des enseignants sont en grève. Du côté de la direction de l'établissement, les chiffres sont plus bas. Ainsi, 6,76% pour le primaire, 23,25% pour les collèges et 54,32% pour le secondaire. Pour les établissements de santé, c'est la guerre des chiffres. La Direction de la santé et de la population de Batna avance le taux de participation de 0%, les représentants des syndicats parlent de 93% à Batna et de 100% à Arris. Le personnel de la santé d'El-Tarf a suivi le débrayage. Selon des sources concordantes, ce mouvement de grève a touché, uniquement, “le personnel des catégories lésées par la nouvelle grille de salaires. Chez les autres, c'est l'indifférence”. Le taux de suivi appréciable Hier, au deuxième jour de grève de l'Intersyndicale, les grévistes ont observé un rassemblement de protestation devant le siège de la Direction de l'éducation de Tizi Ouzou. Comme il fallait s'y attendre, c'est le syndicat des PES qui a le plus mobilisé. Les représentants des syndicats autonomes ont improvisé, lors du rassemblement, des prises de parole devant les manifestants pour réitérer leurs revendications. Les intervenants ont insisté sur la nécessaire mobilisation des enseignants et les autres fonctionnaires pour “faire aboutir le combat des travailleurs pour la dignité”. Ils ont appelé à la participation au rassemblement prévu pour ce matin devant le Palais du gouvernement. Une délégation a été dégagée pour déposer auprès du wali, la plateforme de revendications. Un document qui reprend les revendications de l'Intersyndicale, mais qui a intégré des points qui sont spécifiques au monde syndical local. Il est ainsi question, dans le document de l'Intersyndicale, de l'intégration des enseignants contractuels et la titularisation des vacataires, l'augmentation des salaires et l'abrogation de l'article 87 bis, la participation des syndicats autonomes à l'élaboration des statuts particuliers… Le taux de suivi de la grève a été appréciable contrairement au premier jour. Il a tourné, hier, selon des sources recoupées, autour de 70%. Dans le secteur de la formation professionnelle, la grève a été peu suivie, selon l'aveu de syndicalistes. Par ailleurs, l'Unpef a rendu publique une déclaration à l'issue de la grève de deux jours, dans laquelle elle se félicite de la réussite du débrayage suivi à 80%, selon ses estimations. Le ton durcit en Oranie À Oran, la tendance de la veille s'est confirmée avec une mobilisation des fonctionnaires relevant des secteurs de l'éducation et de la santé essentiellement, mais ce sont les adhérents du Cnapest et du Snapest qui ont le plus porté ce débrayage. La faiblesse dans cette mobilisation des syndicats autonomes est apparue pour le palier primaire dont le taux de participation n'a pas dépassé les 30%, de sources syndicales. Le moyen a connu un suivi mitigé, a reconnu un représentant de l'Unpef. “Les enseignants ont été un peu démobilisés par l'annonce des augmentations bien que l'on considère qu'elles ne sont pas suffisantes par rapport à la hausse des prix”, notre interlocuteur évoquant le taux de participations entre 40 et 45%. Les hospitalo-universitaires, les maîtres-assistants, les professeurs et docents, avec 60% de taux de participation, ont nettement durci le ton lors de leur AG. En effet, nombre d'adhérents persistent à refuser le niveau des augmentations de la nouvelle grille des salaires et d'exiger “de fixer le taux d'augmentation jugé nécessaire et conforme à leurs responsabilités et par rapport au niveau de vie”. Certains ont encore demandé à leur direction syndicale de préparer d'autres actions telles que des marches et le gel des activités d'enseignement. Du côté de l'enseignement supérieur, la grève n'a pas du tout eu l'effet escompté à l'Usto notamment. Les enseignants, n'ayant pas été au préalable consultés, ont quasiment boudé la protestation, la section Cnes locale laissant la liberté aux enseignants de faire leur choix, nous a-t-on dit. Mais depuis hier en fait, les états-majors syndicaux au niveau local se préparaient au rassemblement d'aujourd'hui à Alger. Ce sentiment mitigé s'est retrouvé dans les autres wilayas de l'Ouest en général comme à Mascara où la grève observée par les fonctionnaires est loin du succès puisque pour la deuxième journée, le taux de participation a très peu varié. Pour la Direction du travail, le fonctionnement des différentes structures n'a pas connu une grande perturbation du moins dans les secteurs sensibles. Sur les 32 lycées que compte la wilaya, le personnel enseignant de 25 établissements a répondu à l'appel. Hormis le secteur du supérieur qui a enregistré un taux de 75%, les autres secteurs ont fonctionné normalement, y compris le corps des médecins spécialistes où certains grévistes ont repris leur service. À Saïda, la deuxième journée de grève a été marquée par une participation massive par rapport à la première journée. Les taux avancés par les représentants syndicaux ont été estimés à 72% (SNPSSP et Snapap) et 20% (Unpef) au lieu des 5% enregistrés avant-hier. À Béchar, les travailleurs de la Fonction publique de l'éducation et de la santé sont parvenus à paralyser partiellement les activités. Les grévistes menacent de tout arrêter, si leurs revendications ne sont pas prises en compte rapidement. Les représentants des enseignants demandent l'ouverture des négociations pour une révision de la grille des salaires et la définition du nouveau régime indemnitaire. Pour l'enseignement supérieur, les syndicalistes attendent toujours les résultats des négociations entre leurs représentants et le département de Harraoubia pour une revalorisation des primes. À Chlef, un taux global de 65% a été atteint. Des sources du Snapap ont indiqué qu'on a enregistré un taux de suivi de 70% tous cycles scolaires confondus. Les mêmes sources ont également précisé que le secteur de la santé a enregistré un taux de participation de 45%. Concernant les autres secteurs, la grève n'a pas été largement suivie puisque l'on a enregistré un très faible taux de participation, selon le Snapap. Le Snapap, le Cnapest et la FNTE ont dégagé une délégation de 150 représentants syndicaux pour prendre part aux sit-in aujourd'hui à Alger. Synthèse correspondants