Intervenant avant-hier à Oran, à l'ouverture des travaux du 1er colloque national sur l'émigration clandestine organisé par l'UNJA, Abdelaziz Belkhadem a lancé, à partir du Musée du Moudjahid, un appel à l'endroit des jeunes. Des emplois ont été proposés à des jeunes chômeurs résidant à 20 kilomètres seulement de la ville d'Oran. “Ils les ont tous refusés alors que les Chinois parcourent des milliers de kilomètres pour venir travailler chez nous”, a affirmé le Chef du gouvernement. Utilisant un langage simple, le chef de l'Exécutif s'est directement adressé aux jeunes dont des harragas. “Il ne faut pas croire aux chimères des colporteurs des fausses idées. Beaucoup de jeunes candidats à l'émigration clandestine s'imaginent qu'ils vont épouser des étrangères, trouver facilement un travail intéressant, venir chaque année passer des vacances au pays à bord d'un véhicule flambant neuf et de l'argent plein les poches”, lance le Chef du gouvernement sous les applaudissements des adhérents de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA) et les grommellements des harragas piqués au vif. Dans un court documentaire, brossant l'aventure d'un groupe de harragas, un candidat à l'émigration clandestine avoue son désir de quitter le pays pour des cieux plus cléments. Un autre jeune, critiquant ouvertement les résistances du pays sous le regard de Belkhadem, affirme souhaiter trouver un travail décent et rester au pays. Son compagnon, originaire de la ville pétrochimique d'Arzew, lance, d' un air goguenard : “Nous ne voyons et ne sentons d'Arzew que les torchères et l'odeur des produits chimiques.” Un témoignage d'un candidat à el-harga explique que sa 10e tentative de traverser la mer n'est que partie remise. Il affirme “tenir le coup” grâce à l'usage hallucinogène des stupéfiants. Abdelaziz Belkhadem intervient, prenant à témoin l'assistance, “le candidat à l'émigration clandestine, qui s'exprimait ainsi portait un survêtement Lacoste. Comment fait-il pour acheter sa drogue et se vêtir ainsi” , remarquera le Chef du gouvernement sous un flot de rires. Pour lui, il ne fait aucun doute,“il y a des jeunes qui ne trouvent pas du travail et d'autres qui ne veulent pas travailler”, dira Abdelaziz Belkhadem sur un ton tranchant. Il évoquera un chômage croissant et l'inexistence d'une main-d'œuvre qualifiée, notamment dans les secteurs du bâtiment, de l'agriculture, de la pêche et de la sidérurgie. “Les jeunes, qui souhaitent s'investir dans le monde du travail, préfèrent des emplois d'agent de sécurité ou de chauffeurs. On ne peut pas créer ces emplois pour tout le monde. C'est inconcevable”, ajoute le Chef du gouvernement. Abdelaziz Belkhadem a annoncé la mise en œuvre d'une nouvelle politique actuellement au stade de la réflexion. Doté d'une enveloppe financière de l'ordre de 150 milliards de dinars, le programme en question vise à créer 400 000 emplois par an. Des cellules d'écoute et de recensement seront créées dans toutes les wilayas du pays à l'effet d'établir une carte de travail en corrélation avec les attentes des demandeurs d'emploi. En quittant l'auditorium en compagnie de Tayeb Louh et de Djamel Ould-Abbès, respectivement ministre du Travail, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, le Chef du gouvernement a promis d'associer les jeunes dans l'élaboration du nouveau programme de l'Etat. En 2007, les gardes-côtes algériennes ont arrêté 1 530 harragas et découvert 86 cadavres rejetés par la mer. K. REGUIEG-YSSAAD