Le chef de la diplomatie allemande a été reçu hier par le chef de l'Etat. Un autre touriste allemand a disparu dans le Sahara algérien, portant à seize le nombre des Allemands et à 32 celui des touristes européens disparus depuis le 19 février. Cette révélation a été faite par un membre de la délégation allemande accompagnant le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer qui, à son arrivée hier à Alger a déclaré qu'il «était important de pouvoir faire rentrer dans les meilleurs délais, sains et saufs, nos compatriotes». Il a, par ailleurs, tenu à «dire merci aux autorités algériennes et au gouvernement algérien pour tous les efforts déployés pour trouver une solution à ce problème», dans une déclaration à la presse à son arrivée à l'aéroport. Les remerciements du chef de la diplomatie allemande se justifient du fait que plus de 7000 personnes, dont 5000 soldats, participent, depuis plus de deux mois, à des recherches pour retrouver ces touristes portés disparus dans le triangle Ouargla, Djanet et Tamanrasset. Marquant sa satisfaction d'être à Alger, «pour des entretiens», Joschka Fischer a tout de même affirmé: «Naturellement, le destin réservé à nos compatriotes, disparus avec d'autres touristes, sera au centre des débats.» Le ton diplomatique du ministre allemand cache mal une certaine volonté de porter la question des touristes disparus au plan politique, d'autant que dans leur pays d'origine, la sphère politico-médiatique s'est saisie du dossier de sorte que ce dernier a pris une tournure politique, engageant fatalement la chancellerie. Cela sur fond de révélations de la presse confirmant la thèse de l'enlèvement, avec en prime, une demande de rançon qui aurait été formulée par les ravisseurs. Du côté algérien, on se veut serein. La question des touristes disparus figurera au menu des discussions, mais elle ne semble pas prendre l'ampleur que les médias lui donnent. C'est ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a indiqué que la visite de Fischer «sera l'occasion d'aborder les relations bilatérales et d'intérêt commun». Belkhadem préfère évoquer devant la presse des questions de politique internationale. «La situation en Irak, au Moyen-Orient, au Sahara occidental sera abordée au cours des entretiens», ainsi que «la coopération avec l'Union européenne et la sécurité en Méditerranée», a affirmé le ministre algérien. Reçu par le chef de l'Etat, Joschka Fischer a déclaré à l'issue de l'entretien que «l'Allemagne était prête à coopérer avec l'Algérie dans ses efforts pour aboutir à une solution positive à ce drame». Il a indiqué avoir exprimé au Président Bouteflika «la gratitude» de son pays pour les efforts déployés par le gouvernement algérien dans le règlement de cette affaire. Cependant, Fischer s'est refusé de donner plus de détails sur le sort de ces touristes arguant que «donner des détails supplémentaires n'est pas dans l'intérêt de leur sécurité et serait non productif». Une reconnaissance implicite de la thèse du rapt. Cette visite intervient au moment où la Suisse, qui compte 4 disparus, assure avoir reçu de la part des autorités algériennes, l'assurance que ces dernières n'ont à aucun moment engagé des négociations avec «quelque partie que ce soit». Une déclaration qui semble contredire les propos du ministre allemand des Affaires étrangères.