“Le Printemps berbère 80 est l'événement essentiel qui a remis la question démocratique au centre de la vie politique en Algérie. Ces évènements ont donné lieu à des avancées importantes, des revendications légitimes du peuple algérien qui finit par arracher en 2002 la grande victoire de la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale”, a déclaré hier Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, à l'occasion d'une conférence-débat animée à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou sous le thème “Démocratie et identité nationale”. C'est pour avoir permis de réaliser cet acquis et pour avoir offert une réelle perspective à la nation en posant les jalons d'une véritable démocratie et un véritable socialisme, estime la première responsable du PT, que “le 20 Avril constitue un fondement essentiel de la démocratie en Algérie, et aussi un tournant dans la vie politique nationale”. À travers cet événement, “même le parti unique à l'époque a compris qu'il y avait depuis une question qui doit être traitée”, ajoutera-t-elle, non sans revenir sur les autres évènements qui ont suivi, notamment ceux de 1988, à travers lesquels les revendications démocratiques ont été posées plutôt dans la rue. Mais, regrettera-t-elle, “avec la décennie noire du terrorisme, toutes les revendications démocratiques ont malheureusement régressé, car le débat a régressé ou plutôt été orienté vers la question sécuritaire qui posait une toute autre question, à savoir celle du droit à la vie”. Aujourd'hui que la situation sécuritaire s'est améliorée même si des dossiers restent encore posés, a poursuivi Louisa Hanoune, “les questions démocratiques et sociales commencent à reprendre leurs droits”, et désormais, a-t-elle encore ajouté, “notre combat doit porter sur l'égalité en droit”. Toujours sur la question identitaire, Louisa Hanoune dit être “pour l'officialisation de tamazight qui ne fera que renforcer l'unité nationale”. “C'est pour cela d'ailleurs que nous plaidons pour l'enseignement obligatoire de tamazight sur tout le territoire national et sa promotion en mettant les moyens nécessaires, l'élaboration d'un statut pour les enseignants de cette langue, la formation des interprètes”, dira-t-elle, tout en précisant qu'à travers tamazight, il ne faut pas comprendre les dialectes. Sur ce point de la promotion de tamazight, la responsable du PT estime que “certes des efforts sont faits, mais restent insuffisants”. “Il y a aussi des obstacles politiques et ce sont d'abord ces problèmes qui doivent être réglés avant de passer à la question linguistique qui doit être prise en charge par les experts en la matière”. Samir Leslous