C'est un pape interventionniste qui s'est adressé à l'ONU qui célèbre cette année le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Benoît XVI, qui doit sa place au Vatican à l'establishment catholique américain, a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités face aux problèmes du monde, quitte à suppléer les Etats incapables de protéger leurs populations de catastrophes ou de violations des droits de l'homme. Après avoir critiqué les insuffisances du multilatéralisme, subordonné aux décisions d'un petit nombre, dominé par une approche pragmatique des problèmes et une conception des droits de l'homme à géométrie variable, le pape a énoncé les principes généraux qui doivent, selon lui, guider l'action internationale, et notamment celui de “la responsabilité de protéger” adopté par les dirigeants du monde lors d'un sommet en 2005, après le traumatisme du génocide au Rwanda. “Tout Etat a le devoir primordial de protéger sa population contre les violations graves et répétées des droits de l'homme, de même que des conséquences de crises humanitaires liées à des causes naturelles ou provoquées par l'action de l'homme”, a affirmé Benoît XVI. Mais, en cas de défaillance, la communauté internationale est fondée à intervenir “avec les moyens juridiques prévus par la Charte des Nations unies et par d'autres instruments internationaux”. C'est l'indifférence ou la non-intervention qui causent de réels dommages, a-t-il assuré. Le pape a encore estimé que la promotion des droits de l'homme demeure la stratégie la plus efficace pour promouvoir les sociétés car, ce ne sont pas seulement les droits qui sont universels, mais également la personne humaine, sujets de ces droits. Et pour éliminer les inégalités entre pays et entre groupes sociaux. Benoît XVI s'exprimait pour la première fois devant l'assemblée générale de l'ONU, où il avait été précédé par Paul VI en 1965 et Jean Paul II en 1979 et 1995. Accueilli par le secrétaire général Ban Ki-moon, le pape a été chaleureusement applaudi à l'issue de son discours par l'amphithéâtre bondé de l'assemblée de l'ONU. Il est arrivé vendredi matin à New York en provenance de Washington, première étape de son premier voyage de six jours aux Etats-Unis. Il doit aller prier dimanche à Ground Zero, site de l'attentat du 11 septembre 2001. Des mesures de sécurité impressionnantes ont été mises en place pour son séjour new-yorkais, où des quartiers entiers sont bouclés depuis vendredi. D. Bouatta