Parmi les grandes questions sociales qui préoccupent les sociétés contemporaines, figure le phénomène de la délinquance des mineurs, enfants et adolescents, appelé encore criminalité. En Algérie, la presse et, à un degré moindre, la télévision, ont tenté d'approcher ce fléau, à travers des reportages sur les cités surpeuplées et la généralisation de la pauvreté, à travers des articles et documentaires consacrés à la violence à l'école et aux stades, aux jets de pierres sur les trains, les bus et les voitures, mais sans pourtant arriver à mobiliser l'ensemble des acteurs de la vie sociale autour de ce phénomène de société. Le Conseil national économique et social (CNES), dans sa dernière session, s'est penché sur le sujet de la délinquance juvénile, avec l'objectif de relancer le débat sur cette “situation problématique”, en relation avec le contexte international d'insécurité, de violence et d'agression. Pour l'institution de Mentouri, le problème de la délinquance ne peut être extrait du contexte réel, celui des “bouleversements sociaux, économiques et culturels”, amplifiés par les dégâts du terrorisme, de sa culture de la secte, de la haine, de la violence et de la destruction. Un contexte qui, note le CNES, a eu “des retombées très lourdes” sur l'épanouissement, le développement et l'insertion de la jeunesse algérienne. La question de la délinquance des mineurs, étant d'emblée un phénomène de société, touche alors, toutes proportions gardées, toutes les couches sociales, aisées et pauvres, les quartiers résidentiels et les cités populaires et surpeuplées, les grandes villes et les villes moyennes et petites. C'est justement cette situation qui donne un caractère complexe à ce fléau et révèle tous les risques potentiels engendrés par ce phénomène : drogue, vandalisme, viols, vols, coups et blessures… Un autre danger, tout aussi inquiétant et qui guette l'Algérie, est celui des jeunes exclus de l'école, des jeunes désœuvrés et de ceux vivant dans des familles disloquées et désunies, ainsi que tous ces mineurs travaillant et évoluant dans l'informel. Il n'est pas exagéré d'affirmer, aujourd'hui, que nous assistons à la faillite des adultes et à l'échec des politiques, menées jusque-là en direction de cette frange de la population en particulier. Car, si des enfants et des adolescents en pleine phase de développement, viennent à se révolter, d'entrer dans un cycle d'émeutes et de violences, de façon volontaire, voire responsable, cela veut dire que ces mineurs, en langage codé, appellent au secours. Cela signifie aussi, sur le plan de la réparation, qu'il faut leur apporter l'aide nécessaire et même, dans le cas des délits graves, la sanction sociale qui s'impose, pour prévenir contre la récidive et préparer ces jeunes à une véritable réinsertion. Sans faire d'amalgame entre le terrorisme et le phénomène de la délinquance, le CNES remarque que “le recrutement de jeunes adolescents au sein de groupes terroristes nous pousse à nous inquiéter davantage du malaise de la jeunesse, récupérée par des forces nuisibles”. Mais que dire aussi de tous ces enfants et adolescents, témoins de la violence islamo-terroriste, qu'ils soient la progéniture des partisans de la dawla islamiya (Etat théocratique) ou du côté des victimes du terrorisme. Pour l'institution consultative de Mentouri, la crise que traverse le pays, sur les plans économique, social et sécuritaire, “a affecté les institutions nationales et affaibli leur capacité” de prise en charge, contrairement aux décennies passées. D'où l'appel du CNES à la protection des jeunes et de “ceux en danger moral et en situation de conflit avec la loi”. Le Conseil national économique et social reste persuadé que “la thérapie de choc” existe et se trouve dans la croissance et le développement durable, la consolidation de la famille, une école performante, un environnement sain, sportif, culturel et de loisirs. Des exigences qui s'appuient sur des choix préalablement établis, celui notamment du projet de société démocratique. H. A.