Important développement dans le conflit israélo-palestinien, avec cette annonce de l'ancien président américain indiquant que le mouvement islamiste radical Hamas est prêt à reconnaître “le droit d'Israël à vivre en paix si un accord de paix est conclu et approuvé par un référendum palestinien”. Malgré l'opposition de l'administration Bush et de l'Etat hébreu à son initiative, Jimmy Carter semble avoir réussi dans sa mission visant à arracher des concessions au mouvement Hamas, à l'issue de deux entrevues, vendredi et samedi, avec Khaled Mechaâl. Citant des responsables du mouvement islamiste, l'ancien patron de la Maison-Blanche de 1976 à 1979 a déclaré lors d'une conférence de presse : “Ils ont indiqué qu'ils seraient prêts à accepter un Etat palestinien dans les frontières de 1967 si les Palestiniens l'approuvent et qu'ils accepteraient le droit d'Israël à vivre en paix comme proche voisin.” Il s'agit là d'un changement radical dans la position du Hamas vis-à-vis d'Israël, dont il refusait jusque-là d'en reconnaître l'existence. Jimmy Carter a également affirmé que le mouvement radical serait prêt à reconnaître un accord de paix négocié par le Premier ministre israélien Ehud Olmert et Mahmoud Abbas, à condition qu'“il soit soumis à l'approbation des Palestiniens, même si le Hamas devait être en désaccord sur certains des termes de cet accord”. Là aussi, c'est un fait nouveau, car les responsables du Hamas, notamment l'ancien Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, ne cessaient de critiquer les négociations de paix que mène le président de l'Autorité palestinienne, estimant que c'était une perte de temps. Certains extrémistes d'entre eux en étaient arrivés même à contester à Mahmoud Abbas le droit de négocier au nom du peuple palestinien. Dans sa conférence de presse, Jimmy Carter a insisté sur le fait que le Hamas et la Syrie devraient être impliqués dans toute initiative de paix visant à instaurer une solution pacifique au conflit proche oriental. En ce sens il dit : “La stratégie actuelle visant à exclure la Syrie et le Hamas ne marche pas. Elle contribue à exacerber le cycle de la violence, les malentendus et l'animosité.” Quant à la contestation américaine et israélienne au sujet de sa rencontre avec le chef du Hamas Khaled Mechaâl, l'ancien chef de l'Etat américain souligne : “Nous pensons que le problème réside dans le fait qu'Israël et les Etats-Unis refusent de rencontrer ces gens, et non dans le fait que j'ai rencontré le Hamas à Damas.” Le prix Nobel de la paix 2002 estime, par ailleurs, que les négociations de paix israélo-palestiniennes relancées dans la foulée de la conférence internationale d'Annapolis en novembre n'ont pas enregistré de progrès. Dans le même ordre d'idées, il critique la poursuite de la colonisation israélienne et le maintien en Cisjordanie de nombreux barrages routiers, lesquels ont provoqué, selon lui, la colère croissante des Palestiniens. Il y a lieu de relever l'avancée réalisée par Jimmy Carter, lequel, par le dialogue, a réussi à assouplir la position du mouvement réputé pour son extrémisme vis-à-vis d'Israël. Il appartient à toutes les parties concernées d'exploiter cette nouvelle opportunité pour avancer dans le processus de paix. Enfin, Carter a indiqué que le Hamas a donné son accord pour que le soldat israélien Gilad Shalit enlevé en juin 2006 en Israël à la lisière de la bande de Gaza par trois groupes armés, dont l'un relevant du Hamas, puisse faire parvenir une lettre à ses parents. K. ABDELKAMEL