L'activité d'élevage de volaille est ballottée par la mévente et la pénurie, et ce, en absence d'un organisme qui régule le secteur. Un autre aliment de base se trouve touché par la folie des prix, au grand dam des citoyens aux modestes revenus. La chair blanche et l'œuf prennent effectivement des courbes ascendantes, ces derniers temps, à Batna comme partout ailleurs. Un fait intrigant quand on sait que cette wilaya, à elle seule, assure plus de 20% de la production nationale. L'élevage de volaille est une activité très développée dans la daïra de Aïn Touta, à 35 kilomètres au sud de Batna et, à un degré moindre, dans la daïra de Merouana. Les différents acteurs qui constituent la filière locale, entre autres aviculteurs, vétérinaire et propriétaires d'abattoirs, se plaignent, en premier lieu, de la cherté de l'aliment. “Les aliments de poule sont importés de l'étranger à hauteur de 90%. Du fait qu'ils soient principalement des biocarburants, ils sont directement touchés par les fluctuations qui caractérisent le marché mondial du pétrole”, explique un opérateur local. “Ainsi, les prix des aliments ont subi une majoration de 50% en moyenne”, nous confie un vétérinaire-aviculteur de la région de Merouana. Dernièrement, le quintal d'aliment à base de soja et maïs a été cédé à 3 000 DA et plus contre 2 088 DA il y a quelques semaines, soit une hausse d'environ 30%. A cela s'ajoute les hausses des prix des produits vétérinaires, le tout majoré de la taxe sur la valeur ajouté. Cette dernière, de l'ordre de 17%, doit être ramenée au moins à 7%, si on veut que les aviculteurs ne croulent pas sous le poids des déficits, selon plusieurs opérateurs. A cette liste de facteurs économiques se greffe les aléas propres à la production avicole. Le taux de mortalité des volailles est situé entre 3% et 20% selon la race et la qualité de l'élevage, ce qui se répercute sur le coût moyen unitaire de la viande blanche. Concernant le soutien de l'Etat, dans le cadre du Fond national de régulation du développement agricole (FNRDA), le dispositif, qui inclut entre autres une subvention de 200 000 DA, est estimé précaire et adapté aux amateurs et non aux professionnels, grands investisseurs. Du côté de l'administration, on présente une autre lecture des faits. La principale cause de la situation actuelle du marché est ramenée à l'anarchie totale qui règne dans le secteur. A la coopérative avicole de l'Office régional de l'aviculture d'Oum El Bouaghi, un mécanisme d'organisation pour les aviculteurs s'impose pour réguler le marché et moraliser la profession. “Plus de 70% des investisseurs dans le domaine sont des opportunistes, ils ne sont intéressés que par le gain rapide et facile. Ils se retirent après avoir inondé, voire déséquilibré le marché, créant juste après une pénurie, soit une hausse exponentielle des prix”, explique-t-on. “Dans un premier temps, ces intrus vendent moins cher, à des prix de cession plus bas que le coût d'élevage, poussant les aviculteurs sérieux, faute de rentabilité, à se retirer à leur tour du secteur poussant à une hausse des prix, et la boucle est bouclée.” L'activité d'élevage de volaille va continuer à être instable, rythmé par une symphonie à deux temps, mévente-pénurie si il n'y a pas d'organisme autonome qui régule le secteur. Au moment où les deux camps se jettent et rejettent la balle, la table du citoyen est privé de viande blanche et de ses dérivés. Lamia F.