Une chose vous frappe quand vous débarquez à Doha, capitale de l'émirat du Qatar : vous n'avez pas l'impression d'arriver dans un pays arabe aux traditions séculaires et les gens qui vous accueillent, parlent souvent un anglais “cassé”. C'est dans ce pays que prospèrent les journalistes algériens qu'a rencontrés le président Bouteflika. Qui aurait pu penser que ce pays célèbre dans le monde grâce à sa télévision, Al-Jazeera, ne dispose que de quelque 800 000 habitants. 70% viennent des pays asiatiques, principalement de l'Inde, des Philippines, de l'Egypte, du Soudan, du Yémen et bien sûr de la Chine (pays gros exportateur de main-d'œuvre dans le monde). Dans ce recensement d'habitants, il existe seulement 1 000 Algériens et pas des moindres, puisque se sont tous des cadres accompagnés de 200 membres de leurs familles. Des Algériens qui n'ont pas émigré volontairement, mais qui ont été sollicités par les autorités qataries comme des travailleurs qualifiés pour leur savoir-faire et leurs talents. La catégorie la plus importante dans cette communauté algérienne au Qatar, ce sont les ingénieurs en hydrocarbures. Le Qatar qui est devenu, il y a seulement quelques années, le premier producteur de GNL dans le monde, a recruté les meilleurs experts algériens dans le gaz. La seconde catégorie des cadres algériens présents à Doha, sont les journalistes. Ils sont au moins, une soixantaine, parmi eux, 45 journalistes et quelques techniciens à travailler essentiellement pour la chaîne Al-Jazeera et ses filiales. Mais une nouvelle catégorie de journalistes est venue s'installer à Doha et offrir ainsi ses services : ce sont les journalistes de la presse écrite. Travaillant dans le passé dans les trois principaux quotidiens algériens privés pour un salaire de 30 000 DA, aujourd'hui ils gagnent presque dix fois plus et vivent comme des princes de la plume. Leur passion et leur audace journalistiques les ont poussés à émigrer à plus de 5 000 km de leur pays pour chercher le confort et la richesse. Ils n'ont pourtant que la trentaine et ne sont pas encore mariés. Dans cette communauté algérienne vivant au nouveau paradis de la perle du Moyen-Orient, il y a également des anciens pilotes, qui travaillent aujourd'hui dans des postes importants à Qatar Airways. À côté de ces métiers, il y a également des sportifs, dans le football, à l'image de l'ancien portier de l'EN Cerbah qui entraîne les gardiens de l'équipe du Qatar, mais aussi le handball, l'athlétisme ou encore le basket. Une communauté algérienne très minime par rapport aux Asiatiques, mais qui excelle dans ses spécialités et qui fait bouger le Qatar à sa manière. C'est cette communauté algérienne que le président Bouteflika est venu rencontrer à l'occasion de sa visite de trois jours au Qatar. Ils étaient environ une trentaine à être sélectionnés pour ce RDV unique avec le Président. Il y avait des anonymes mais aussi des personnalités célèbres, tel le célèbre présentateur sportif Habib Benali, toujours aussi en forme et jovial et qui travaille à Al-Jazeera Sport tout comme Madjer, ou encore l'icône du JT d'Al-Jazeera, la plus célèbre voilée Algérienne Khadidja Benguenna, elle, qui s'était illustrée dans une interview critique envers l'ENTV, ou encore Madani Ameur ancien visage du JT de 20 heures et qui est actuellement directeur de l'information dans la chaîne publique Qatar TV. Il y avait également d'autres journalistes tels que Hnibèche ou encore Abdelhak Saâda et Hatem Khendir. Tous occupent des postes importants dans la chaîne à la célèbre calligraphie arabe et n'ont pas hésité à glisser au Président une lettre collective dans laquelle ils lui demandent l'ouverture du champ audiovisuel. Les journalistes algériens de la presse écrite qatarie étaient également présents à l'image de Yacine Belmenouar, l'auteur de l'interview du Président dans le journal Al-Aarab, qui a été repris par 35 quotidiens et qui a surtout déranger la presse marocaine. À l'arrivée du Président, on se bouscule pour lui serrer la main, prendre une photo. Ils sont fiers d'accueillir… à Doha, leur Président et de le voir de si près. L'émotion se lisait sur les visages des hommes, mais surtout des femmes journalistes, à leur tête Benguenna, qui lui déclara avec sa célèbre voix, que les journalistes sont près à revenir au pays si d'autres chaînes de télévision sont créées. Le Président exprime son soutien, discute et leur cite même des anecdotes, démontrant au passage qu'il suit leur trace... audiovisuelle. Au final, les membres de la communauté algérienne vivant au Qatar étaient satisfaits de cette rencontre informelle, voir familiale, qui leur démontra que l'Algérie ne les a pas oubliés malgré leur choix et leurs orientations. Ce qui est sûr, c'est que malgré leur petit nombre, la communauté algérienne bénéficie d'une bonne place dans ce pays qui a investi plus de 155 milliards de dollars pour son développement et cela grâce à la bonne diplomatie de son ambassadeur Aïssa Bekrar, qui a su préserver les intérêts algériens et surtout maintenir un contact permanent de cette communauté avec ses racines. Correspondance particulière de Amin Reda