Les développements qu'a connus dernièrement le dossier de l'ancienne colonie espagnole, à travers notamment la sortie ahurissante de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Peter van Walsum, sont “très inquiétants”, selon le Parti des travailleurs (PT). “Nos craintes sont vérifiées ; il y a des manipulations émanant de différentes puissances qui entourent le dossier du Sahara occidental. Cela n'a rien à voir avec les droits des peuples”, a déclaré hier le leader de cette formation, Louisa Hanoune, lors d'une conférence de presse organisée à l'issue des travaux du Comité central, qui se sont déroulés à la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda. Cette dernière s'est référée particulièrement à l'implication d'éléments de l'administration américaine, citant nommément David Wech, à l'origine de “l'impasse créée au Liban”, ainsi qu'Eliot Abrahams, “le plus dur parmi les faucons qui a préparé le conflit, voire la guerre civile, entre les Palestiniens”. De l'avis de Mme Hanoune, l'évolution de la question sahraouie qui, pour rappel, est inscrite à l'ONU depuis les années 60 parmi les “territoires non autonomes”, est préoccupante, car “directement ou indirectement, c'est l'Algérie qui est visée en raison de ses positions, de son histoire et de ses hydrocarbures”. “Cela dit, cette évolution ne nous surprend pas, puisqu'elle a commencé du temps de Peres de Cuellar (ex-secrétaire général des Nations unies qui s'était distingué par un parti-pris en faveur du Maroc, ndlr)”, a précisé la responsable du PT, avant de plaider pour un véritable “rapprochement” entre les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc. Hier, la conférence de presse a également été l'occasion, pour Mme Hanoune, de faire le point sur les “réflexions” et les “débats” suscités lors de “la session ordinaire” du Comité central du PT, qui s'est aussi penché sur les “questions organiques devenues complexes” suite à l'élargissement du parti. “Comme nous avons déjà eu à le dire, l'année 2008 est une année charnière”, a souligné l'intervenante. Dans son analyse de la conjoncture mondiale, la secrétaire générale du parti des travailleurs a mis en exergue la crise du modèle capitaliste qui, selon elle, s'explique par “une crise” dans le secteur bancaire et financier américain et celle de l'ensemble des institutions internationales. Mme Hanoune a révélé, dans le cadre de l'OMC et de l'accord d'association avec l'Union européenne, que de “fortes pressions” sont exercées sur l'Algérie, pour “une ouverture tous azimuts” de l'économie nationale. “Aujourd'hui, dans ce contexte de crise mondiale, le gouvernement algérien est responsable de la régulation du marché local”, a-t-elle soutenu, rappelant le rôle qui incombe à l'Exécutif, pour la sauvegarde de la production nationale et la protection des citoyens, notamment les couches défavorisées, contre l'anarchie des prix des produits. Elle a en outre abordé la réforme universitaire, en révélant plus loin qu' “il y a une orientation qui se fait en douce pour la privatisation de l'université”. Pour ce qui est de “la révision du code du travail”, elle a exprimé ses appréhensions, n'écartant pas l'idée d'une “plus grande exploitation” des travailleurs. “Les problèmes qui étaient à l'origine des 65% d'abstention, se sont multipliés”, a-t-elle martelé, en se référant aux problèmes de “l'emploi” et du “pouvoir d'achat”, à “la fragilité du tissu social” et aux “harragas”. “Il n'y a aucune lisibilité au plan national et sur les questions internationales”, a ajouté le leader du PT, signalant au passage “la politique de fuite en avant” de certains ministres et la “résistance dans l'appareil de l'Etat” face au bradage de l'économie algérienne. Mme Hanoune a de nouveau interpellé Hamid Temmar, en lui demandant de rendre public “le bilan des privatisations des entreprises”. “Chaque nation a ses bases matérielles et pour l'Algérie, ces bases sont les nationalisations des terres, des hydrocarbures et des mines, ainsi que la question du secteur public”, a-t-elle déclaré, avant de proposer la création de deux ministères, celui de l'Economie et celui de la Planification. Outre “la défense de la souveraineté nationale”, elle a aussi appelé vendredi à la sauvegarde de “la démocratie politique” qui respecte à la fois la pluralité politique et syndicale. Enfin, Louisa Hanoune a annoncé que désormais le PT s'appuiera sur des “dossiers”. D'ailleurs la prochaine session de la direction de cette formation, prévue dans deux mois, portera sur l'agriculture et la dépendance alimentaire. H. Ameyar