Face à une opinion hostile, le président Nicolas Sarkozy a voulu tourner la page de sa première année de mandat en adoptant à la télévision un ton plus humble, qui confirme un changement de style, mais sans rien céder sur le fond et la nécessité de réformer la France. La prestation du chef de l'Etat jeudi soir a été suivie par près de 11,7 millions de Français, une audience nettement moins importante que lors de sa précédente intervention télévisée à la même heure de grande écoute, en novembre dernier. Sans surprise, cette intervention a été saluée par le camp présidentiel, qui a souligné la “détermination” et la “pédagogie” du chef de l'Etat, tandis que l'opposition de gauche fustigeait son “impuissance”, voire sa “malhonnêteté”. Pendant plus d'une heure et demie, interrogé par cinq journalistes au palais de l'Elysée, Nicolas Sarkozy s'est livré à une explication de sa politique, reconnaissant des “erreurs” à plusieurs reprises, tout en promettant d'accélérer les réformes. Attendu sur le thème du pouvoir d'achat, préoccupation première des Français, le chef de l'Etat a reconnu que la vie de ses concitoyens ne s'était pas “assez améliorée”, mais a surtout mis en cause un environnement économique mondial dégradé. S'il n'a fait aucune annonce retentissante dans le domaine social, Nicolas Sarkozy a toutefois assuré de la mise en place l'année prochaine du revenu de solidarité active (RSA), allocation destinée à encourager le retour à l'emploi, et prévu des mesures pour faire baisser les prix dans les grandes surfaces et sur l'intéressement dans les entreprises. L'ex-candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, a estimé que Nicolas Sarkozy avait fait preuve de “malhonnêteté” en imputant les difficultés de la France “à des chocs extérieurs”, et qu'il n'avait “pas répondu sur les préoccupations des Français”. Quant au maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë, considéré comme le principal rival de Mme Royal au sein de son parti, il a vu dans l'intervention du chef de l'Etat une tentative “d'expliquer sa propre impuissance”. Nicolas Sarkozy a martelé la nécessité de réformes tous azimuts et repris l'une de ses vieilles antiennes en regrettant qu'“on ne travaille pas assez” en France. R. I./Agences