C'est une bombe qui aurait pu causer des dégâts d'une ampleur inimaginable que les services de sécurité ont pu désamorcer à temps, mercredi dernier dans la journée, près d'un petit village situé entre les communes d'Akerrou et d'Aghribs, dans la daïra d'Azzefoun, à une soixantaine de kilomètres de la ville de Tizi Ouzou. Selon des sources proches de cette affaire, l'engin explosif en question a été découvert dans la benne, couverte d'une bâche, d'un véhicule de type Toyota Hillux abandonné par son chauffeur qui ne serait autre qu'un kamikaze des groupes d'Al-Qaïda Maghreb. Celui-ci aurait préféré abandonner le véhicule et retourner dans les maquis parce que, affirme notre source, les troupes de l'ANP, qui agissaient sur la base de renseignements faisaient état justement de la présence d'un véhicule bourré d'explosifs. Elles ont déclenché la veille une vaste opération de ratissage dans cette région où tous les accès étaient donc mis sous contrôle. Ce n'est que vers midi, mercredi, que les hélicoptères de l'ANP, qui survolaient la région à très basse altitude, ont repéré le véhicule qui transportait cette bombe composée de quatre citernes reliées entre elles avec un dispositif de détonateur et contenant une quantité d'explosifs estimée à 1 000 kg. Elle est composée en grande partie du TNT et quelques autres produits chimiques souvent utilisés dans la fabrication de bombes. Il aura fallu un peu plus de trois heures de travail minutieux pour que l'engin soit désamorcé par les artificiers de la police dépêchés sur les lieux. La bombe était prête à l'explosion, affirme notre source, expliquant toutefois que la destination du véhicule et par conséquent l'objectif ciblé par les groupes terroristes d'Al-Qaïda Maghreb restent pour le moment inconnus. Mais pour les services de sécurité, à partir du lieu où le véhicule a été retrouvé, à Akerrou, trois destinations étaient possibles. Le kamikaze pouvait prendre, soit la destination de la ville de Tizi Ouzou, soit celle de Boumerdès via le littoral, soit encore celle de Béjaïa en passant par Azzefoun ou en empruntant la route de Yakourène. D'autres objectifs autres que les grands centres urbains ne sont pas écartés par les services de sécurité pour lesquels il serait possible que cela soit aussi un campement militaire qui soit visé, comme cela a été déjà le cas à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, et Dellys, dans la wilaya de Boumerdès, durant l'année 2007. En tout cas, si les hypothèses sur l'objectif sont aussi nombreuses que différentes les unes que les autres, il reste clairement établi que les dégâts matériels et humains qu'aurait causé l'explosion d'une bombe d'une aussi forte charge seraient d'une grande ampleur. Une partie importante d'une ville comme Tizi Ouzou serait rasée si une telle bombe explosait, affirment des spécialistes de la question sécuritaire, expliquant, au sujet de l'objectif visé, que les groupes terroristes sont toujours à la recherche d'impact aussi fort que possible pour réaffirmer leur existence comme une force capable de frapper quand elle veut et où elle veut, et ce, même au moment où les services de sécurité ne cessent de resserrer l'étau autour d'eux, comme c'est le cas d'ailleurs dans la wilaya de Tizi Ouzou ces derniers mois. Dans cette région justement, on assiste depuis quelques semaines à un déploiement des plus impressionnants des troupes de l'ANP qui multiplient les opérations de ratissage dans les régions réputées être des zones de repli ou servant de quartiers généraux pour les acolytes de Droukdel. SAMIR LESLOUS