Le Conseil des ministres, réuni hier après-midi, a adopté l'avant-projet du programme du gouvernement présenté par Ahmed Ouyahia. Intervenant lors des débats sur ce texte, le président de la République a fait quelques remarques qui s'apparentent à des “messages politiques codés”. Il a ainsi insisté sur la gestion de la notion du temps dans la conduite des affaires publiques. Tout en félicitant l'Exécutif de Ouyahia pour la célérité dans la présentation de son programme, le chef de l'Etat a tenu à rappeler que “la gestion du temps est un impératif majeur qui ne doit pas échapper à ceux qui, à un titre ou un autre, interviennent dans la gestion des affaires publiques”. Cette déclaration montre que le président de la République a décidé d'engager une course contre la montre pour tenter de rattraper le temps perdu et investir les terrains désertés pendant les quatre premières années de son mandat. Plus loin, Bouteflika a demandé, s'adressant aux membres de l'Exécutif, que “les engagements du gouvernement soient suivis et réalisés dans les délais impartis”. Et d'avouer : “Certes, des contraintes objectives peuvent parfois retarder la mise en œuvre de telle ou telle mesure, mais à l'évidence, il faut lutter contre l'indétermination des uns, l'expectative et les hésitations des autres qui, souvent, constituent les facteurs d'entrave au déroulement normal du processus des réformes engagées.” Ce reproche s'adresse a priori aux ministres et agents de l'Etat chargés de l'exécution des programmes établis par les autorités du pays. Toutefois, cette remarque véhicule une confusion telle qu'on pourrait la décrypter de différentes manières. Toujours dans le chapitre du fonctionnement de l'Etat, le président de la République a insisté pour que “les organigrammes des administrations centrales ne soient modifiés qu'en cas de nécessité absolue”. Il a, au passage, plaidé pour “la préservation et la stabilité des cadres”. Cela entre dans le cadre de la nouvelle démarche visant à garantir la continuité dans les sphères de gestion et à ne pas chambouler les schémas dans l'administration centrale. Abordant le volet de la justice, le premier magistrat du pays a livré un message à l'adresse de ceux qui constituent ce corps en insistant que dans le fonctionnement des juridictions “en toute circonstance, l'impératif de la dignité du citoyen, qu'il soit auteur ou victime d'infraction, demandeur ou défendeur au procès le droit à la défense, sans entrave ou obstacle puisse prévaloir”. Cette déclaration intervient au moment où les avocats ont décidé de protester contre les conditions dans lesquelles ils exercent leur métier. Sur le plan économique, le chef de l'Etat semble, même s'il ne l'affirme pas, satisfait par l'appréciation du CNES. Il estime qu'il s'agit maintenant “d'intensifier les efforts” afin de rendre la croissance économique durable, soutenue par l'élargissement de l'investissement et une adhésion active des opérateurs économiques. Bouteflika a parlé de “consolidation de la dynamique” créée par le programme de soutien à la relance économique. Enfin, il a mis l'accent sur “le suivi rigoureux” et “l'évaluation périodique” de la mise en œuvre du programme. Ce sont les principales orientations données par le chef de l'Etat au gouvernement de Ouyahia avant le passage de ce dernier devant l'Assemblée nationale, la semaine prochaine. M. A. O.