Lors d'une conférence animée, hier, par un chirurgien américain d'origine syrienne, un imam a été invité pour parler de la greffe d'organes. Des versets coraniques, à l'appui, l'imam qui officie à la mosquée Lalla Saïda de la Haute-ville, justifie la pratique de la transplantation d'organes d'un point de vue religieux. Le recours à l'idjtihad en la matière est, à ses yeux, indispensable. Aucun texte religieux ne l'interdit, soutient-il. Dès lors que la greffe d'organes permet de sauver des vies humaines, il n'y a pas de raison de ne pas la pratiquer. Ayant réalisé la veille cinq greffes rénales dans le même établissement, le Dr Ahmed Chaballout, un chirurgien syro-américain, qui exerce au KFSH (King Faysal specialist hospital), de Ryadh, en Arabie Saoudite, est remonté jusqu'aux années 1950 pour retracer l'historique de la transplantation d'organes dans le monde. Musulman pratiquant, le spécialiste estime que la religion ne s'oppose pas à la transplantation d'organes, y compris au prélèvement d'organes sur cadavre. Bien entendu, le prélèvement est soumis à un certain nombre de conditions cadrant avec les préceptes de l'islam. Pour étayer son propos, le conférencier évoque une fatwa, édictée déjà en 1986, par les ulémas à Ammam en Jordanie. En Arabie Saoudite, société pourtant conservatrice, il a été réalisé sur une vingtaine d'années pas moins de 1 672 greffes rénales, dont 571 dans le prestigieux établissement KFSH. Le programme de prélèvement sur cadavre a été explicité par l'intervenant qui rappelle la nécessité d'un centre de coordination. Le prélèvement est permis lorsqu'il y a absence de toute fonction cérébrale. Aux Etats-Unis, on enregistre, depuis 1980, 10 000 prélèvements sur cadavre par année. En Espagne aussi, la pratique régie par un arsenal juridique très répandue. En la matière, avec deux ou trois cas, l'Algérie est classée dernière dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Dans la même sphère géographique, la palme revient au Koweït qui a réalisé des performances dans le domaine. Le CHU de Tizi Ouzou a déjà réalisé une dizaine de greffes rénales avec la collaboration d'un spécialiste canadien. Le Dr Chaballout a réalisé, lui, cinq greffes rénales avant-hier. Il s'agit de donations familiales, dont un cas concerne une maman qui a fait don de son rein à sa fille de 10 ans. Sur les cinq cas, une greffe a été pratiquée sur un diabétique de 30 ans. Auparavant, le directeur du CHU de Tizi Ouzou, le Dr Mansouri, est revenu sur les objectifs de ce cycle de conférences. Ils visent à sensibiliser les corps médical et paramédical ainsi que les citoyens sur le prélèvement d'organes. Une pratique qu'il s'agit de vulgariser en direction du grand public, soutient le même intervenant. Y. A.