Oxford Business s'est récemment entretenu avec Dr Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines et président de la Conférence de l'Opep, au sujet de la stratégie énergétique de l'Algérie et de son intégration dans la stratégie globale de l'Opep. Le président de l'Opep a mis l'accent sur la proximité qui caractérise les liens entre la stratégie d'expansion des capacités énergétiques de l'Algérie et la mission de l'Opep, qui est de coordonner et d'unifier les politiques pétrolières des Etats membres, et assurer la stabilité du marché des hydrocarbures. À propos du potentiel hydrocarbures, il a rappelé que le territoire algérien demeure aujourd'hui sous-exploré et un nouvel appel d'offres a été lancé récemment pour l'exploration et le développement de quinze nouveaux blocs in shore. Sachant qu'un nombre record de sociétés ont été préqualifiées pour participer à l'appel d'offres, soit plus d'une soixantaine, d'importantes attentes sont à prévoir sur les investissements étrangers dans le secteur de l'énergie en Algérie cette année. “Lancer un appel d'offres sur 15 blocs est tout à fait normal dans le contexte où le territoire algérien possède suffisamment de réserves non exploitées. La préqualification de l'appel d'offre s'est déroulée dans les normes et les amendements à la nouvelle loi des hydrocarbures (2005) ne pénaliseront pas les entreprises étrangères qui se sont préqualifiées”, a précisé Khelil à OBG. Même avec une participation automatique de 51% de la Sonatrach dans toutes les activités reliées au secteur, le domaine de l'énergie demeure attractif aux investisseurs, ajoutait-il. En ce qui concerne la volonté de créer un forum international du gaz, soit le Gazpec, la position de Khelil demeure prudente. Un forum pour les pays exportateurs et producteurs de gaz existe depuis sept ans, mais aucune action concrète n'a été posée pour favoriser les projets, la commercialisation ou même le transport du gaz entre les pays de ce forum. Bien qu'il ne soit pas totalement convaincu par la nécessité d'ériger une Opec du gaz, M. Khelil déplore le manque de coopération entre les acteurs de ce segment, mais ne perd pas espoir que dans le futur, de nombreux partenariats pourront être créés entre ces pays. Pour revenir au projet des pays membres de l'Opep, M. Khelil s'est exprimé sur les nombreux projets de raffinage qui sont en cours dans la plupart des pays de l'organisation, précisant que le manque de raffineries sur le marché de l'Opep était l'une des principales lacunes à son développement. “Nous sommes au stade de l'engineering pour la création d'une petite raffinerie dans la wilaya d'Adrar, nous complétons actuellement la collecte de fonds d'une raffinerie de taille moyenne à Skikda, qui produira 100 000 barils par jour et nous sommes maintenant au stade de la collecte de fonds pour la création d'une grande raffinerie à Tiaret, qui sera de l'ordre de production de 300 000 barils par jour et opérationnelle à l'horizon de 2013”, a précisé M. Khelil à OBG. Avec un programme d'investissement de l'ordre de 45,60 milliards US $ pour la période 2007-2011, l'Algérie prévoit d'autant plus augmenter sa production d'hydrocarbures pour atteindre 2 millions de barils de pétrole et 85 milliards de mètres cubes de gaz à l'horizon 2010. La stratégie d'internationalisation des activités de l'entreprise nationale Sonatrach, qui avec un chiffre d'affaires annuel de 61,3 milliards US$, se classe au sommet des entreprises présentes sur le continent africain, entre dans cette dynamique d'expansion énergétique. L'internationalisation des activités de la Sonatrach, notamment en Afrique, a été initiée par Chakib Khelil lui-même, et est un maillon fort de la stratégie nationale pour diversifier ses marchés et ses sources de revenus. Il précisait à OBG que l'objectif de la Sonatrach pour 2015 est de réaliser 15% de son chiffre d'affaires à l'étranger. Toujours sous l'optique de la diversification, les énergies nouvelles et renouvelables occupent désormais une place privilégiée dans l'agenda énergétique de l'Algérie et de l'Opep. La pétrochimie est aussi une nouvelle frontière définie par les autorités du secteur et bénéficiera au cours des prochaines années d'investissements massifs destinés à permettre une meilleure valorisation des matières premières énergétiques.