Le chercheur américain Clayton Swisher a révélé, hier à Alger, que la création d'un Etat palestinien est irréaliste à court terme. “Il n'y aura pas d'Etat palestinien dans l'immédiat”, a-t-il déclaré, lors d'une conférence qu'il a animée au siège du quotidien Echaâb, en raison de “l'absence de volonté politique de l'administration Bush” et de “la nature des régimes arabes”. L'ancien directeur des programmes de l'Institut du Moyen-Orient (Washington), également auteur du livre The truth about Camp David (La vérité sur Camp David), New York, Nation Books, 2004), n'a pas caché son pessimisme par rapport à la politique menée par le président américain. Selon lui, la guerre engagée contre l'Irak, le sort réservé à l'Intifadha palestinienne et l'évolution du processus de paix israélo-palestinien sont parmi les éléments qui prouvent que George Bush n'est pas disposé à “trouver une solution” au problème. D'ailleurs, la feuille de route prévoyant la création d'un Etat palestinien en 2005 n'a rien donné, a-t-il remarqué. De plus, “l'histoire contemporaine montre que la guerre contre l'Irak n'a pas été provoquée pour la libération de l'Irak”, a-t-il ajouté. Plus loin, l'invité d'Echaâb a laissé entendre qu'il suffit de voir comment l'actuelle administration US gère les dossiers de la région moyen-orientale, à l'exemple du dossier de l'Iran ou du conflit israélo-syrien, pour se rendre compte que la paix n'est pas encore au rendez-vous. Bien au contraire, l'équipe de Bush a contribué à l'exacerbation de “la violence” et à “l'accentuation du nombre des réfugiés”. “La logique américaine n'est pas réelle. L'actuelle administration américaine n'est pas rationnelle (…), elle ne se soucie pas des droits des Palestiniens”, a affirmé M. Swisher, non sans noter que “les conseillers (de Bush) vivent dans un monde imaginaire”. “L'administration Bush ne peut reconnaître que le problème qui l'oppose au monde arabe et musulman est celui de l'occupation de la Palestine”, a encore signalé l'intervenant. Ce dernier a, en outre, admis à la fois l'intransigeance d'Israël qui “continue de construire de nouvelles colonies sur les territoires palestiniens” et “la faiblesse des dirigeants arabes” qui s'alignent sur la politique américaine. Il a, par ailleurs, avoué que certains Etats arabes, comme la Jordanie, envahis par des “réfugiés, palestiniens et irakiens”, sont dans “une situation instable”. Le chercheur a alerté contre la dangerosité du “pouvoir régional construit sur le chaos” qui comprend, outre Israël, d'autres pays arabes et musulmans qui trouvent leur compte dans la généralisation de la violence. Un pouvoir, insistera-t-il, qui “va menacer Israël plus tard”. “Si la situation de violence se poursuit de l'Afghanistan à l'Egypte, une guerre juive risque d'éclater contre les musulmans”, a-t-il prévenu, sans exclure l'usage de “l'arme nucléaire”. Interrogé sur ces Israéliens qui réclament “l'identité israélienne” et sur les conséquences d'une telle revendication sur l'Etat hébreu, construit sur des bases religieuses, le conférencier a reconnu que “beaucoup d'Israéliens quittent Israël, ces dernières années”, en relevant que les autorités de Tel-Aviv en sont conscientes puisqu'un “travail est mené notamment envers les jeunes pour les dissuader de quitter Israël”. Pour ce qui est de la relation américano-israélienne, le chercheur a fait savoir que l'Etat juif “utilise” les USA à travers des “lobbies très influents” et les “groupes religieux (juifs)” existants sur le sol américain. “Israël exerce une grande influence sur les Etats-Unis”, a lancé Clayton Swisher. Il a cependant souligné que depuis quelques années, particulièrement après le 11 septembre 2001, une “vision à gauche” a émergé dans son pays. Une nouvelle pensée portée par des intellectuels américains qui se retournent aux “véritables valeurs” américaines. H. Ameyar