En fait, Bernard Kouchner n'a rien ramené de plus dans ses bagages, du moins pas plus que Michèle Alliot-Marie. Les réticences d'Alger par rapport au partage des rôles dans l'organigramme du projet ainsi que les objectifs politiques et stratégiques de ce dernier demeurent entières. Du déjà-vu ! Avril 2006, Philippe Douste-Blazy se déplace à Alger pour évoquer le traité d'amitié annoncé par l'ex-président Jacques Chirac lors de sa visite en Algérie en mars 2003. L'ancien MAE repart sans résultat dans un contexte marqué par les tensions sur l'histoire issues de la loi du 23 février 2005, glorifiant les bienfaits de la colonisation. Deux ans plus tard, le président Sarkozy dépêche à Alger son MAE après que son ministre de l'Intérieur eut échoué dans une première tentative d'approche afin de convaincre le président Bouteflika d'adhérer au projet de l'Union pour la Méditerranée et d'assister au sommet de Paris prévu le 13 juillet prochain. Si le traité d'amitié a été remis en cause et enterré avec l'élection de Nicolas Sarkozy, le projet de l'Union pour la Méditerranée risque de connaître le même sort, si la France persiste dans sa logique d'exclusion. En fait, Bernard Kouchner n'a rien ramené de plus dans ses bagages, du moins pas plus que Michèle Alliot-Marie. Les réticences d'Alger par rapport au partage des rôles dans l'organigramme du projet ainsi que les objectifs politiques et stratégiques de ce dernier demeurent entières. L'Egypte, la Tunisie et le Maroc restent, aux yeux de l'Elysée, prioritaires dans le processus de construction politique de l'Union pour la Méditerranée. Le président Bouteflika a clairement fait savoir à l'envoyé spécial de son homologue français que l'adhésion de l'Algérie à ce projet est soumise à des conditions connues dont notamment l'intégration du dossier du Sahara occidental, la question de l'histoire et les crimes commis pendant la colonisation, même si sur ce point, des progrès sont constatés dans l'évolution de la position de Paris et la nécessaire visibilité politique dans le règlement du conflit israélo-palestinien. Alger voit mal la remise en cause effective et graduelle de la politique arabe de la France au profit d'Israël qui a été totalement intégré dans le projet de l'Union pour la Méditerranée, sans aucune contrepartie pour le respect des droits légitimes du peuple palestinien. Tout reste donc à faire. Tout reste à discuter entre Alger et Paris. Les responsables algériens ne manifestent pour ainsi dire aucun enthousiasme à l'issue de la visite de Bernard Kouchner. “L'Algérie fait partie des partenaires majeurs sur lesquels nous comptons beaucoup. C'est ce que je vais redire à mes interlocuteurs, et c'est le sens du message que le président de la République m'a chargé de remettre à son homologue algérien”, avait pourtant déclaré le chef de la diplomatie française à la veille de sa visite. Dans les faits, pas de résultat. Le message était vide de contenu concret. Mais le sommet de Paris aura lieu dans deux mois. Le temps de faire des propositions concrètes à la mesure de l'importance et du poids de l'Algérie dans la Méditerranée. Dans le cas contraire, l'union perdrait un allié de taille. S. T.