Cette rencontre organisée par “France Export Céréales”, tenue à l'hôtel Sheraton, a regroupé plus d'une trentaine de participants venus de plusieurs wilayas, dont une grande partie sont des représentants des grands moulins, c'est-à-dire la profession des meuniers en Algérie. Les images d'émeutes du “pain” en Egypte et ailleurs ou encore celles de la famine qui menace les populations d'Afrique, conséquences, entre autres, de la hausse sans précédent des cours mondiaux des produits agricoles, sont une situation grave qui ne pouvait être occultée hier à Oran, lors du colloque sur le blé tendre. Cette rencontre organisée par “France Export Céréales”, et qui s'est tenue à l'hôtel Sheraton, a regroupé plus d'une trentaine de participants venus de plusieurs wilayas, dont une grande partie sont des représentants des grands moulins, c'est-à-dire la profession des meuniers en Algérie. En effet, pour les organisateurs du colloque, il est clair qu'il s'agit là d'accroître les liens avec les céréaliculteurs et transformateurs algériens par des échanges de ce type pour mieux s'informer sur les besoins qualitatifs des consommateurs. Du côté algérien, la question de l'approvisionnement du marché national en blé et des variétés importées est au cœur de leurs préoccupations depuis plus de deux ans, comme nous l'explique l'un d'entre eux, M. Metidji qui œuvre avec d'autres à organiser leur profession : “Depuis deux ans, face à l'envolée des prix sur les cours mondiaux, nous ne pouvons plus importer du blé, c'est l'OAIC qui s'en charge grâce au soutien de l'Etat. Malheureusement depuis, nous ne pouvons donc plus faire les mélanges de blés que nous souhaitons pour répondre au mieux à la demande du consommateur.” Une marge de manœuvre réduite qui laisse ainsi entendre comme une explication à la polémique lancée par les boulangers qui parlent de “farine de qualité médiocre”. Des propos tenus à Oran lors de l'assemblée générale des boulangers affiliés à l'UGCAA. Notre interlocuteur poursuit en souhaitant que les autorités doivent se pencher de façon urgente sur le problème de la céréaliculture dans notre pays. “Il y a matière à investir”, dira-t-il encore et d'évoquer du même coup le projet de structuration des meuniers : “Il est important que les meuniers se regroupent, une organisation des professionnels pour la filière est primordiale. Nous avons déposé dans ce sens un dossier au niveau des pouvoirs publics, nous attendons la réponse.” Pour ce qui est de l'approvisionnement du marché national, alors que l'OAIC a dans un communiqué rassuré sur l'état des stocks de blé, l'Algérie reste le premier importateur dans le monde en blé dur et se classe parmi les 5 premiers pays pour l'importation de blé tendre. 50% de ses importations de blé tendre proviennent de France, d'où aussi la démarche de France Export Céréales. Son président, M. J.-P. Langlois-Berthelot, a évoqué lors de son intervention l'incertitude qui règne cette année sur l'évolution des cours mondiaux et le rendement des futures campagnes en France. Il était intéressant ainsi d'apprendre que par le travail de France Export Céréales, les producteurs français avaient, dans le années 1980-90, anticipé sur l'évolution de la demande sur le marché du blé : “Depuis 90, les producteurs français ont basculé vers la production de blé panifiable qui représente 80% des surfaces, notamment pour répondre à la demande de pays comme l'Algérie.” L'avantage pour les producteurs français, c'est que la culture de la baguette en Algérie a été hérité de l'ère coloniale. “Les perspectives du marché mondial des céréales” ont encore été abordées par M. Xavier Rousselin, dans sa communication, et d'expliquer qu'en 2007/2008, si crise il y a eu, c'est parce que la demande mondiale était plus grande que la production : “Il a fallu puiser dans les stocks, quoique très bas aujourd'hui (pour une durée d'un mois seulement aux EU). Mais les prévisions mondiales de production de blé sont pour cette année de 650 millions de tonnes, soit 50 millions de plus que la dernière campagne.” Une hypothèse optimiste, dira l'intervenant, car aux EU, poursuit-il, “la production va faiblement augmenter et surtout le marché mondial du blé va s'aligner sur le maïs. Le prix du blé tendre français avec ces prévisions sera de 312 dollars la tonne.” F. BOUMEDIENE