La capitale des Zibans abrite depuis hier, et ce, pendant deux jours, le 2e colloque national sur la problématique de la sécurité dans la région du Sahel. “Les nouvelles menaces sécuritaires dans la région du Sahel africain” était l'intitulé de ce colloque qui se déroule à l'université Mohamed-Khider de Biskra. Cette rencontre revêt un caractère capital pour la sécurité de la région du Sahel. Un panel de chercheurs des universités algériennes sont venus des quatre coins du pays. Les DG des journaux Liberté, Ech Chaâb, Horizons et Saout El-Ahrar étaient également présents. Il est à noter la participation du Dr Mohamed Berkouk, directeur du centre d'Ec Chaâb des études stratégiques, du Dr Bachir Medjahed, ex-conseiller au ministère de l'Intérieur et à la présidence de la République. Les différents intervenants ont éclairé l'assistance sur les tenants et les aboutissants de la sécurité de la région, ce nouveau défi, le réseau du crime organisé, les réseaux terroristes, l'émigration clandestine, le blanchiment d'argent, la contrebande. Le trafic d'armes est devenu source d'inquiétude ; il suscite en même temps l'intérêt des USA, de l'UE et de la Chine, d'où la répercussion du changement du concept sécuritaire et stratégique dans cette région du monde qui, faut-il le rappeler, est une région riche, donc objet de convoitises. On est passé du stade des “menaces” à celui des “dangers”. M.Barkouk s'étalera longuement sur la logique de sécurisation dans le Sahel, des crises, parlant d'approche traditionnelle et d'approche de sécurisation répondant à trois questions. Comment protéger ? Comment être présent ? Comment prévenir ? Selon lui, les USA considèrent que les ressources de ce continent sont sous- exploitées et son sol sous-exploré, en plus du problème d'intégration sociale qui va du Soudan jusqu'à la Mauritanie, l'absence d'identité politique, et des pays moins avancés et surendettés, a précisé le conférencier. Toujours, selon lui, un nombre très élevé de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. La faiblesse des institutions fait que cela nécessite souvent une tierce partie pour résoudre les problèmes. S'agissant des menaces, celles-ci concernent le terrorisme, avec 5 opérations, le crime organisé. Kigali au nord est devenue la plaque tournante de la contrebande, du blanchiment d'argent et le plus grand point de transit de la drogue avec le changement de l'itinéraire Amérique latine-Europe et puis l'exode vers le Nord, notamment vers l'Europe. Dans ce dernier cas, l'Algérie, selon des sources internationales, n'est pourvoyeuse que de 1,5% d'immigrés clandestins. Quant aux retombées de ces fléaux sur l'Algérie, le Sahel abrite des cellules dormantes du terrorisme, d'entraînement, de financement et d'armement. C'est donc une couveuse pour un nouveau terrorisme. Il y a également une implication économico-sécuritaire des réseaux de faux-monnayeurs, de commercialisation de drogues dures, de maladie et même la probable exploitation de l'affaire targuie dans le futur, se référant à la fédération créée par un pays voisin rappelant l'autonomie de 1957 (France) sur le Grand-Sahara. Le conférencier plaidera pour une politique de stabilisation commune pour le développement des mécanismes d'aide et d'échange de renseignements avec les pays du Sahel et le développement d'une diplomatie active, préventive et de riposte afin de contenir le danger, et de développer en même temps le système de contrôle des frontières. Le Dr Amar Djefal décrira cette région comme étant aride, désertique, à faibles rendements, instable. Le risque de désintégration de ces Etats constitue aussi une menace. Selon le Dr Medjehad, “il y a croisement entre la pauvreté et le terrorisme, la menace est d'abord d'ordre économique et social. Ce n'est pas la misère qui crée le terrorisme, elle le favorise. Il y a actuellement dans le monde des inégalités de perception” de la part de la communauté internationale. Il indique que la menace la plus importante pour l'Algérie est la persistance du terrorisme ; l'Algérie ne demande pas une aide militaire d'Africom, elle est pour des échanges de renseignements et non pour des échanges d'hommes. Un abri en dehors de l'Algérie, a-t-il dit. Le terrorisme est tout près de nos frontières, ce qui signifie l'entretien permanent de ce dernier en Algérie et donc des difficultés à lancer des politiques de développement. M. Medjahed parlera également du développement de la conscience transnationale du Targui dans la région, ce qui, d'après lui, risque de mettre à mal la cohésion nationale, l'unité du pays. Comment assurer une lutte contre le terrorisme dans un milieu (Sahel) en conflit et des éthnies transnationales ? Et de clore son intervention en disant tout simplement : “La fin de l'insécurité en Afrique n'est pas pour demain parce que rien n'est encore cohérent, tous les Etats africains sont vulnérables. Quand peut-on dire qu'il y a guerre civile ? Quand peut-on dire qu'il y a terrorisme ?” Il proposera enfin de reformuler les strétégies qui allient les politiques économiques et sécuritaires. À propos des Touareg, le Dr Boukara Houcine de l'université d'Alger reviendra sur les 5 pays où ils se trouvent, à savoir le Niger, le Mali, l'Algérie, la Libye et le Burkina Faso. Le problème entre ces minorités concerne le Niger et le Mali. Des mécanismes ont pu contenir ces problèmes en Algérie, en Libye et au Burkina Faso. Ce qui a été à l'origine de ce problème est d'ordre historique, éthnique, religieux, mais aussi d'ordre socioéconomique, sans parler de ceux qui “utilisent” cette question. Ce qui a un effet négatif sur le plan sécuritaire et sur la stabilité de la région. Cette région, comme nous l'avons dit plus haut, est pour la France un espace “vital”, pour les USA une dimension militaro-stratégique et énergétique et pour la Chine une source d'énergie. Et nous qui possédons des frontières avec 7 pays devons revoir, rééxaminer la nomenclature des risques. De notre envoyé spécial à Biskra : BENESSAM NACER