Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, s'est voulu prolixe, jeudi dernier au Conseil de la nation, à l'occasion d'une séance plénière consacrée aux questions orales. Le membre du gouvernement s'est en effet départi de la réserve qu'on connaît à certains ministres pour rendre publiques des informations sur des sujets sensibles. C'est le cas du phénomène des kidnappings qui sont le fait des terroristes. Expliquant l'importance de ce phénomène en brandissant le chiffre de “375 cas de kidnapping enregistrés durant l'année dernière”, le ministre de l'Intérieur précise que “115 cas parmi ces kidnappings sont le fait du terrorisme”, tandis que “260 autres cas de kidnapping relèvent pour leur part du droit commun”. Les 115 cas d'enlèvement relevant du terrorisme ont été dénoncés par “la population, elle-même”, dit le ministre de l'Intérieur. Il explique sur le ton du regret que des sommes faramineuses ont été exigées par les terroristes ravisseurs aux familles des personnes kidnappées. “Des sommes atteignant 600 milliards de centimes (6 milliards de dinars) ont été exigées par les terroristes”. “120 milliards de centimes ont été payés par les parents”. Le sénateur auteur de la question orale a rebondi sur le sujet en interrogeant le ministre sur les mesures préventives prises par le gouvernement, surtout dans le cas du kidnapping des enfants où les ravisseurs s'adonnent à la pédophilie. Et au ministre de l'Intérieur de préciser : “Le but principal des kidnappeurs est l'argent. Cette situation et ce phénomène demeurent parmi les dossiers les plus pénibles à traiter.” Insistant sur les difficultés de traitement de certains dossiers, le ministre de l'Intérieur évoque “les cas d'inceste”. Il explique à ce propos que certains kidnappings ont “un lien avec l'inceste”. Cependant, regrette-t-il, “on parle très peu de ce phénomène compte tenu de sa gravité”. Aussi, dit-il, “la plupart des familles dans ces cas refusent d'en parler à cause des traditions de notre société”. Le silence des familles touchées par l'inceste est de plus en plus mis à mal puisque “certaines familles commencent à prendre attache avec les services de sécurité et déposent même plainte”, dit le ministre. Quoi qu'il en soit, le ministre dit que les services de sécurité à tous les niveaux restent mobilisés pour enrayer toute dérive à l'égard des populations les plus vulnérables. Aussi et pour répondre à la question du député s'agissant des mesures préventives par rapport à la pédophilie, Nourredine Yazid Zerhouni annonce “l'installation de trois cellules à Alger, à Annaba et à Oran par la Gendarmerie nationale, dont le but essentiel consiste à prévenir les écoliers et les lycéens sur ce fléau”. tenu “des résultats positifs de ces cellules, la gendarmerie envisage de créer dix autres qui seront réparties à travers le territoire national”, explique encore le ministre, tout en précisant que les services de gendarmerie et de police ont mis en place des équipes composées multidisciplinaires comprenant des psychologues ainsi que des criminologues pour imaginer des solutions à ces problèmes. Par ailleurs, et en marge de la séance plénière, interrogé par la presse en marge des travaux du Conseil de la nation sur la problématique du trafic d'organes dans notre pays qui demeure floue, Zerhouni note que “les services de sécurité ont enregistré deux cas : un en 2007 et un autre récemment”. “Il n'y a pas longtemps, dans la région frontalière avec le Maroc, un homme a voulu kidnapper une enfant de deux ans. Après son arrestation, il a avoué qu'il vendait les enfants à une clinique située à Oujda au Maroc”, ajoute le ministre. Nadia Mellal