L'entreprise rencontre de multiples difficultés : la concurrence de produits non conformes, l'assainissement de la situation financièreet des contraintes de commercialisation de ses véhicules. La situation qui prévaut au sein de la Société nationale des véhicules industriels (Snvi) sera certainement assainie. Son P-DG, M. Mokhtar Chahboub, est quasiment convaincu que son entreprise s'introduira progressivement dans l'économie de marché tel qu'exigé par les autorités en dépit du peu de moyens dont elle dispose pour atteindre cet objectif. La solution viendra des programmes de redressement qui sont en cours. “Nous avons eu la certitude que nous allons être assainis. Nous avons pour cela présenter un plan de redressement interne qui aura, espérons-le, un écho favorable”, affirme M. Chahboub. Le souci du patron de l'entreprise nationale est le développement de ses capacités de production et de recherche afin de pouvoir améliorer la qualité de ses produits. L'autre problème auquel fait face la société a trait à l'adaptation de ses produits à l'environnement. “Nous constatons aujourd'hui que certains produits sont importés avec des organes spécifiques et mis sur le marché sans que l'environnement ne soit prêt”, avoue-t-il. Plus précis, le patron de la SNVI souligne que “ce sont des produits bourrés d'électronique et très peu fiables par rapport à un certain nombre d'utilisations”. Pour le premier responsable de cette société, les pouvoirs publics ont procédé à la protection de la production nationale à travers le système DAP qui a été ensuite démantelé en l'espace de trois années. “Mais à notre grande désillusion, cela n'a pas été accompagné par un programme de mise à niveau de notre entreprise”, regrette M. Chahboub. Il faut autant que possible protéger ainsi le marché pendant une certaine période pour permettre à la SNVI de se mettre à niveau et de reconquérir son marché. La SNVI a rencontré aussi une autre contrainte liée à la recherche de partenariats conformément aux orientations du gouvernement. “Nous avons trouvé un carrossier, mais pour la partie petits camions, cars et bus, malheureusement à ce jour, il n'y a pas de partenaires qui se présentent”, constate-t-il sur les ondes de la radio Chaîne III. Ces derniers ne sont pas intéressés car ils disposent de toutes les facilités pour vendre leurs produits sur le marché national. La SNVI emploie 8 000 salariés et a permis de créer 400 unités de sous-traitance, soit un effectif additionnel de 2 500 travailleurs. Ses capacités de production se situent entre 3 000 et 5 000 véhicules/an. Son chiffre d'affaires est estimé à près de 20 milliards de DA. Ces résultats sont tirés annuellement à près de 10% de l'exportation vers des pays comme l'Irak, la Libye, le Maroc, le Sénégal, le Gabon pour un montant de 80 millions de dollars. Si les véhicules de la SNVI ont connu un franc succès à l'étranger, ils demeurent boudés localement. Malgré le fait que le programme de production réalisé chaque année est commercialisé, les parts de marché de l'entreprise ont sérieusement chuté de 45% à 25%. Ces quelques “performances” sont, selon M. Chahboub, l'œuvre de quelques fidèles clients sollicitant des produits spécifiques qui achètent tous les ans 50% de ce programme. Il s'agit du ministère de la Défense qui réitère à chaque fois sa confiance à la SNVI. Avec le département de M. Zerhouni, l'entreprise nationale a réalisé 20 milliards de DA durant ces trois dernières années. Ce qui différencie la SNVI des autres constructeurs et autres importateurs, c'est le soutien qu'elle apporte à ses clients. Rien que pour ces deux dernières années, elle a rénové plus de 3 000 véhicules détenus par les APC. “Un autre problème a trait aux capacités de production limitées de la société, alors que le marché se développe d'une manière importante”, ajoute-t-il. Certains gros clients se détournent de la SNVI non pas à cause du rapport qualité/prix ou de la fiabilité des produits, mais cela est dû à une élimination à des appels d'offres. “Dans ces opérations, on nous oppose régulièrement des écarts de technologies qui accentuent notre élimination de la course pour ces marchés”, déplore le P-DG. Leur inquiétude concerne également la production des véhicules de transport de personnes tels que les autocars et les autobus. La SNVI a une capacité de produire 1 000 minibus/an et 800 autocars et autobus. “J'avoue que si ce n'est le marché que nous avons contracté avec le ministère de l'Enseignement supérieur qui porte sur 300 autobus de plus de 100 places, nous aurons des inquiétudes”, déclare-t-il. M. Chahboub ne comprend pas pourquoi les clients institutionnels ou autres se détournent des produits de la SNVI, considérant que ces derniers sont adaptés à l'environnement. Badreddine KHRIS